L'arbre des vices et des vertus.
  
L'arbre des vices et des vertus
Arbor moralis de Raymond Lulle, Arbor scientiae, Lyon [J. Pillehotte], 1515, en réalité 1635 (contrefaçon d'une édition du XVIe siècle). Gravure
Paris, BnF, Département des Imprimés, R. 7892
    
Le thème de l'arbre connaît des interprétations négatives ou positives. Le pédagogue catalan du XIIIe siècle Raymond Lulle (auteur notamment d'une Doctrine d'enfant) a privilégié cette dernière approche en moralisant le motif de l'arbre. Son "arbor moralis" se compose d'un tronc divisé en deux branches (le Y pythagoricien), au faîte duquel trône le Christ , ce dernier oeuvre activement pour le bien : armé d'une hache, il s'efforce de trancher les hautes branches du mal. Le fidèle est donc invité en toute connaissance de causes à choisir sa voie : le bien (à droite du Christ, à gauche dans l'image), où s'épanouissent les 7 vertus chrétiennes, ou le mal (à gauche - senestre, en français médiéval - du Christ, le pan "sinistre" : le mauvais côté, où siègent les 7 péchés capitaux). Au sommet de la ramure, s'épanouissent les bourgeons de gloire, du bon côté, et de peine, du mauvais : promesse de paradis ou d'enfer... A la fourche où se choisissent les options, la vertu (virtus) est opposée au vice (vitium), que d'aucuns choisiront. A l'origine, pourtant, est proposée à l'humanité une gamme de valeurs positives, classées dans les 18 racines de l'arbre : 9 "principes absolus" (bonté, grandeur, éternité, puissance (prise en bonne part), sagesse, volonté, vertu, vérité, gloire) et 9 "principes relatifs" (différence, concordance, contrariété, commencement, fin, milieu, infériorité, supériorité, égalité).