Les batteurs de pieux
Maximilien Luce (1858 - 1941), peintre, entre 1902 et 1903.
Huile sur toile (1,96 x 1,54 m)
Paris, Musée d'Orsay
© RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay)
Le peintre, militant libertaire, souhaite exalter le travail ouvrier et annoncer la venue d’une nouvelle société. Il utilise un grand format, traditionnellement celui de la peinture d’histoire, propre à l’héroïsation, et une composition classique avec une scène centrale (sept hommes enfonçant un pieu dans un puits qu’ils ont creusé au préalable, afin d’établir les fondations d’un nouveau bâtiment). Les sept hommes se ressemblent et adoptent une attitude commune, montrant la primauté du collectif et la force de l’union et de la solidarité entre travailleurs. Certains détails sont d’aspect réaliste (pantalons de grosse toile, ceintures de flanelle rouge, le pain, le vin, symboles classiques de vie et aliments populaires, la pipe), d’autres correspondent à un héroïsme plastique tels les torses nus des ouvriers, improbables au début du XXe siècle. La méthode, dite “à la sonnette” est archaïque et n’est plus guère utilisée à cette époque, mais elle permet, plus facilement que celle recourant au machinisme, de mettre en valeur le travail humain dont il s’agit d’affirmer les droits. Ces travailleurs construisent une ville imaginaire : l’arrière-plan montre le passage de la ville classique, avec ses grands monuments, à la ville moderne, avec ses usines et ses cheminées fumantes. Le fleuve, qui marque le passage du temps, est toujours présent. Mais le tableau fait aussi écho aux grands travaux parisiens liés à l’Exposition universelle et à la construction du métropolitain inaugurés en 1900.
 
 

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