Avenue des Champs Élysées et Palais de l'Industrie
Exposition universelle de 1867
Deroy, peintre.
Lithographie en couleur (12,5 x 21,3 cm)
BnF, département des Estampes et de la Photographie (De Vinck T. 162 19468)
© Bibliothèque nationale de France
"Il était quatre heures, la belle journée s'achevait dans un poudroiement glorieux de soleil. A droite et à gauche, vers la Madeleine et vers le Corps législatif, des lignes d'édifices filaient en lointaines perspectives, se découpaient nettement au ras du ciel ; tandis que le jardin des Tuileries étageait les cimes rondes de ses grands marronniers. Et, entre les deux bordures vertes des contre-allées, l'avenue des Champs-Elysées montait tout là-haut, à perte de vue, terminée par la porte colossale de l'Arc de Triomphe, béante sur l'infini. Un double courant de foule, un double fleuve y roulait, avec les remous vivants des attelages, les vagues fuyantes des voitures, que le reflet d'un panneau, l'étincelle d'une vitre de lanterne semblaient blanchir d'une écume. En bas, la place, aux trottoirs immenses, aux chaussées larges comme des lacs, s'emplissait de ce flot continuel, traversée en tous sens du rayonnement des roues, peuplée de points noirs qui étaient des hommes ; et les deux fontaines ruisselaient, exhalaient une fraîcheur, dans cette vie ardente.
Claude, frémissant, cria :
Ah ! ce Paris... Il est à nous, il n'y a qu'à le prendre."
[...]
Et ils gravirent la rue d'Amsterdam. Ils venaient de traverser Paris, c'était là une de leurs grandes tournées favorites ; mais ils avaient d'autres itinéraires, d'un bout à l'autre des quais parfois, ou bien un morceau des fortifications, de la porte Saint-Jacques aux Moulineaux, ou encore une pointe sur le Père-La-Chaise, suivie d'un crochet par les boulevards extérieurs. Ils couraient les rues, les places, les carrefours, ils vaguaient des journées entières, tant que leurs jambes pouvaient les porter, comme s'ils avaient voulu conquérir les quartiers les uns après les autres, en jetant leurs théories retentissantes aux façades des maisons ; et le pavé semblait à eux, tout le pavé battu par leurs semelles, ce vieux sol de combat d'où montait une ivresse qui grisait leur lassitude." L'œuvre, extrait du chapitre III
 
 

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