Olympia
Édouard Manet (1832-1883), peintre, 1863.
Huile sur toile (130 x 190 cm)
Musée d'Orsay
© RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
Peintres et écrivains s'attachent aux éternelles figures de la femme.
Nana, la fille de Gervaise, est l'Olympia de Manet transposée en littérature. C'est le "sexe divinisé", la "mouche d'or" qui s'abat depuis la Goutte-d'Or sur les beaux quartiers, la vengeresse du peuple qui "tourne au mythe sans cesser d'être femme" (Gustave Flaubert), mais qui meurt dans les souffrances les plus atroces.
"Nana était toute velue, un duvet de rousse faisait de son corps un velours ; tandis que, dans sa croupe et ses cuisses de cavale, dans les renflements charnus creusés de plis profonds, qui donnaient au sexe le voile troublant de leur ombre, il y avait de la bête. C'était la bête d'or, inconsciente comme une force, dont l'odeur seule gâtait le monde" (Nana, Pléiade, t. II, p. 1271.)
Avec Olympia, Manet réinvente le thème traditionnel du nu féminin par le jeu d'une peinture franche et sans compromis. Le sujet autant que le langage pictural expliquent le scandale que l'œuvre provoqua au Salon de 1865. Même si Manet multiplie les références formelles et iconographiques – la Vénus d'Urbin, du Titien, la Maja desnuda, de Goya, et le thème de l'odalisque à l'esclave noire, traité par Ingres notamment –, il traduit avant tout picturalement la froideur et le prosaïsme d'un sujet bien contemporain. La Vénus est devenue une prostituée qui défie de son regard le spectateur. Face à cette remise en cause du nu idéalisé, fondement de la tradition académique, la violence des réactions fut considérable. Les critiques vilipendèrent "cette odalisque au ventre jaune" dont la modernité fut pourtant défendue par quelques contemporains, avec à leur tête Zola.
 
 

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