Au Bonheur des Dames
Manuscrit, deuxième volume
Émile Zola (1840-1902), auteur, 1881.
BnF, département des Manuscrits, NAF 10276, fol. 457
© Bibliothèque nationale de France
« Elle s’interrompit, étonnée de sentir une main se poser sur son épaule : C’était madame Marty, que sa crise de dépense emportait au travers des magasins. Ses achats avaient tellement grossi, depuis les cravates, les gants brodés et l’ombrelle rouge, que le dernier vendeur venait de se décider à mettre sur une chaise le paquet, qui lui aurait cassé les bras ; et il la précédait, en tirant cette chaise, où s’entassaient des jupons, des serviettes, des rideaux, une lampe, trois paillassons.
— Tiens ! dit-elle, vous achetez un manteau de voyage ?
— Oh ! mon Dieu ! non, répondit madame Desforges. Ils sont affreux.
Mais madame Marty était tombée sur un manteau à rayures, qu’elle ne trouvait pourtant pas mal. Sa fille Valentine l’examinait déjà. Alors, Denise appela Marguerite, pour débarrasser le rayon de l’article, un modèle de l’année précédente, que cette dernière, sur un coup d’œil de sa camarade, présenta comme une occasion exceptionnelle. Quand elle eut juré qu’on l’avait baissé de prix deux fois, que de cent cinquante on l’avait mis à cent trente, et qu’il était maintenant à cent dix, madame Marty fut sans force contre la tentation du bon marché.
Elle l’acheta, le vendeur qui l’accompagnait laissa la chaise et tout le paquet des notes de débit, jointes aux marchandises. »
 
 

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