Livre de l’Extase exécuté pour le prince Salim
École moghole, Allahabad, vers 1603.
BnF, Manuscrits, Smith-Lesouëf 198 rés. f. 1v-2
© Bibliothèque nationale de France
Ce petit et très raffiné Hal-nama ("Livre de l’Extase"), du poète persan Arifi de Hérat, a été calligraphié par Abdullah à la demande du prince Salim, futur empereur Jahangir (au pouvoir de 1605 à 1627). En conflit avec son père l’empereur Akbar (régnant 1556-1605), le prince Salim s’était installé à Allahabad. Grand amateur d’art, Sultan Salim s’était entouré des meilleurs artistes de son temps qui firent d’Allahabad un centre prestigieux de l’art pictural moghol. Le peintre qui illustra ce Hal-nama reste à ce jour inconnu. Cette première image représente un jardin de style persan avec un bassin central et des canaux qui délimitent en quatre parties les massifs de verdure ornés d’arbustes fleuris. Sur la page qui lui fait face débute le poème surmonté d’un frontispice enluminé.
Dans l'Inde moghole, comme dans l'ensemble de la civilisation islamique, la dimension spirituelle du jardin est importante puisqu'il évoque le paradis terrestre, antichambre du paradis promis par Dieu. Cette notion n'existe pas dans l'hindouisme. Pour les Hindous, la présence de jardins est toutefois indispensable à l'établissement d'un temple et la présence d'un important système d'adduction d'eau et de bassins sur le site du grand royaume hindou du sud, le Vijayanagar, laisse supposer un intérêt pour les jeux d'eau. Quelques textes anciens décrivent des jardins aux multiples parfums. Ainsi le texte du Kadambari, dans la première moitié du VIIe siècle, donne cette description : "Dans le jardin, il vit des canaux contenant de l'eau parfumée au santal. Ils sont bordés d'arbres tamal. II y a aussi des lotus. Des pavillons aux murs de granit transparent s'y élèvent. II y a également des fontaines, des puits."
 
 

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