Le Jardin de la Clarté parfaite
Pl. 9. Pavillon de printemps des Fleurs d'abricotier
Tang Dai (1673-1752) et Shen Yuan (actif vers 1740), peintres ; Empereur Qianlong (1711-1799), auteur des poèmes ; Wang Yondung (1692-1758), calligraphe, 1744.
Peinture sur soie (62,3 x 62,3 cm) à l'encre de couleurs
BnF, Estampes et photographie, Rés. B 9 rés. format 5
© Bibliothèque nationale de France
Cette scène bucolique représente l'idéal impérial de la beauté champêtre : champs carrés irrigués par un canal, puits protégé par un abri carré, maisons rurales savamment disposées, auberge à bannière flottante... Tout autour, une plantation d'abricotiers qui, au cours du printemps, à la saison des fleurs, "éblouissent comme un nuage moiré". Devant, un petit potager, quelques essences de fleurs, des légumes et des courges.
Connu en Occident comme étant le palais d'Été des empereurs de Chine, le Yuanming yuan (ou jardin de la Clarté parfaite) s'étendait sur 350 hectares au nord-ouest de Pékin. Il a été aménagé au début du XVIIIe siècle pour le futur Yongzheng, troisième empereur mandchou de la dynastie des Qing qui ont acquis leur légitimité en adoptant les codes de la culture chinoise. Ils perpétuent les traditions ancestrales de l'aménagement des jardins.
"Pénétrer dans un jardin chinois, c'est entrer dans la pensée chinoise et surtout dans la pensée taoïste." Le terme signifiant paysage est constitué de deux caractères  : shan, montagne, et shui, eau, qui constituent les éléments essentiels de la peinture de paysage shanshui. Ces mêmes éléments, unis en d’infinies combinaisons, caractérisent le jardin traditionnel chinois dont ils structurent l'espace. Ériger des montagnes artificielles et creuser un cours d'eau ou un étang constituent la base de l'aménagement du jardin.
Dans une conception taoïste du monde, entre l'Eau et la Montagne s'ouvre un espace dans lequel circulent des forces mystérieuses. De la tension entre ces deux pôles naît tout le mouvement de la vie.
Entre la montagne et l'eau, le Vide est traditionnellement représenté par le nuage, état intermédiaire entre deux pôles antinomiques. Né de la condensation de l'eau, le nuage épouse la forme de la montagne. Il donne l'impression que la Montagne peut, aspirée par le Vide, se fondre en vagues, et qu'inversement l'Eau, toujours par l'entremise du Vide, peut s'ériger en Montagne. Ces flux invisibles animent le paysage.
 
 

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