L'Artiste au miroir
Autoportrait ludique en format carte de visite
De Torbéchet, photographe, XIXe siècle.
BnF, Estampes et photographie, EO2 (TORBECHET)
© Bibliothèque nationale de France
Le portrait carte de visite, ou portrait-carte, est né de la volonté d'Eugène Disdéri (1819-1889) d’élargir la clientèle des ateliers de portrait photographique. Afin de diminuer les coûts de production du portrait et son prix de vente, il choisit d’en réduire le format.
Le sens commercial de Disdéri lui permet d’entrevoir le succès que remportera la carte de visite auprès d’une classe émergente, pour laquelle la photographie devient un objet courant et familier. La vogue de la carte de visite gagne progressivement toute la France, l’Europe puis, plus tard, les États-Unis. La foule des bourgeois se rend dans les ateliers les plus fameux.
Si Disdéri s’attache à agencer différemment son décor selon qu’il photographie un savant, un militaire ou un comédien, le portrait miniature reprend dans la majorité des cas les mêmes poncifs, artifices et accessoires. Le modèle, au visage souvent austère et figé, est montré en pied, arborant une pose qui se veut digne mais qui lui confère une certaine rigidité : accoudé à une colonne tronquée, appuyé sur une balustrade ou assis dans un fauteuil, lisant un journal, tenant cigare ou chapeau à la main. Ce sont autant de marques signifiant ou voulant signifier l’appartenance à une classe privilégiée. En dehors de la pratique la plus courante, certains clients s’amusent à déjouer l’aspect stéréotypé de la séance de pose en adoptant des attitudes plus excentriques.
C'est le cas ici du photographe De Torbéchet qui sait mieux que personne que le portrait carte de visite est une mise en scène. Le miroir le représente tel que le code habituel du genre devrait le montrer en bourgeois notable. Mais l'artiste sait jouer avec ses doubles et baisser les masques.
Il tient une deuxième tête à la main évoquant les vanités.
 
 

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