Détail dune plaque de protection assyrienne en bronze,
début du Ier millénaire avant J.-C.
British Museum.
(Nabû, dieu des scribes, est symbolisé par le calame
du scribe, posé parfois sur une tablette dargile placée
sur le dos dun serpent-dragon, son animal attribut.) |
Le mythe sumérien connu sous le nom d' "Enki
et l'Ordre du Monde" raconte comment le plus sage des dieux, le maître
de l'abîme - la masse d'eau douce sur laquelle flotte la terre -,
établit les principes de la civilisation. Il confia l'écriture
et la fonction scribale à la déesse Nisaba, à
l'origine une divinité du grain et des roseaux qui servent à
fabriquer le calame des scribes : "La sainte Nisaba a reçu
la règle à mesurer et garde l'étalon du lapis-lazuli
; elle proclame les grands règlements, elle fixe les frontières,
marque les bornes. Elle est maintenant le scribe du pays."
Avec l'arrivée au pouvoir de populations
sémitiques, Enki prit le nom d'Ea et il resta le plus
intelligent des dieux et l'ami des hommes. Il envoya sur terre sept sages,
dont le premier fut Adapa qui eut pour mission de transmettre aux
hommes le connaissance divine, aux temps mythiques d'avant le Déluge,
lorsque la royauté descendit du ciel. Le "Mythe des Sept Sages"
rapporte que "les Sages, carpes brillantes de la mer, sont au nombre de
sept ; sept sont les sages nés pour assurer le bon fonctionnement
du ciel et de la terre." Maîtres des sciences liées à
l'art scribal, " les sept sages de l'abîme ... semblables à
Ea leur père sont doués grâce à lui d'une
intelligence sublime", dit encore le "Poème d'Erra"
(Erra, dieu des Enfers).
Lorsque, au cours du IIe millénaire avant J.-C.,
Marduk, le fils d'Ea, devint le chef du panthéon babylonien,
après avoir vaincu les forces du chaos, Nabû, son fils,
fut désigné pour consigner par écrit les sorts fixés
par Marduk dans la chapelle des destins. Il est le "seigneur du
calame", le dieu des scribes. Les savants, qui tenaient une place primordiale
dans le clergé de Babylonie et d'Assyrie, le firent prévaloir
dans la hiérarchie divine.
Deux statues dédiées dans son temple
de l'Ezida, "la maison stable", dans la ville de Nimrud, capitale de l'Assyrie,
l'invoquent comme un dieu tout-puissant : "Nabû, le très-haut,
le sage, le puissant, le héros ..., dont la parole est primordiale,
le maître des sciences, qui surveille la totalité du ciel et
de la terre, celui qui sait tout, qui comprend tout, qui détient le
calame du scribe ..., le Seigneur des seigneurs, dont la puissance est sans
égale, le compatissant, le miséricordieux."
Assurbanipal lui dédia
sa bibliothèque, car il "tient la tablette d'argile et le calame
des destins, prolonge les jours et fait revivre les morts, émettant
la lumière pour les hommes en proie à la confusion". Il
est encore "nimbé de la splendeur divine, un souverain au vaste
entendement, un sage au vaste savoir, qui maîtrise l'écriture
et dont les décisions sont sans appel". |