patience...
 

  Papier mexicain
Codex de Veinte Mazorcas, pièce d’un procès, Mexique, XVIe siècle
Manuscrit figuratif, encre et couleurs sur papier d’amate
76 x 51 cm
BnF, Manuscrits orientaux, mexicain 391
 
Le papier d’amate (du nahuatl amatl, papier), fabriqué en quantité par les Aztèques et leurs tributaires zapotèques et mixtèques jusqu’à l’époque de la Conquête (1519-1546), a rapidement été supplanté par les papiers d’origine européenne. Toutefois les Otomis installés à San Pablito, dans l’état de Puebla, au centre du Mexique, ont continué à en fabriquer jusqu’à nos jours selon les recettes ancestrales. Attendrie par cuisson à petit feu pendant plusieurs heures, dans de l’eau additionnée de cendres, la fibre du liber de l’écorce de diverses variétés de Ficus (famille des Moracées) est disposée en bandes croisées sur des planches de bois pour être frappée manuellement à l’aide de battoirs de pierre. Lorsque les fibres sont amalgamées en une nappe homogène, les planches sont placées au soleil pour séchage de la feuille de papier, qui pourra ensuite être préparée à recevoir l’écriture. Parmi les rares documents datables du xvi siècle sur papier d’amate qui soient parvenus jusqu’à nous, on trouve des livres pliés en accordéon ou cousus en codex, mais surtout des « mappas ». Celle-ci, constituée de plusieurs feuilles de papier d’environ vingt centimètres sur quarante assemblées par collage, relate des faits qui se sont produits dans la région de Tlapa avant et après la conquête espagnole. Le document original représente plusieurs principautés, ainsi que leurs seigneurs figurés assis sur un trône, coiffés du diadème de turquoise et brandissant la hache - insignes de leur pouvoir. Ils portent au-dessus de la tête le glyphe de leur nom. Un champ de bataille - nommé Teponazixtlahuacan -, auprès duquel deux guerriers s’affrontent, est figuré avec cinq prisonniers, sans nom, portant au-dessus de la tête le drapeau du sacrifice. Postérieurement à la conquête de la région, et d’une main grossière, ont été ajoutés d’autres éléments tels les grands arbres et le fleuve, mais surtout trois églises et des Espagnols : Fray Graviel Hurtado et trois civils dont deux portent un crucifix.