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Commentaire bouddhique sur ôles, 8x44
cm, Chine, IXe s. |
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Les copistes achètent les feuilles en piles,
déjà passées au four, coupées et perforées,
mais pas encore rabotées. Chaque feuillet doit alors être
préparé par le graveur. Les lignes sont tracées au cordeau,
parallèlement à la longueur, au moyen dun tampon imbibé
de noir de fumée ; on en compte en moyenne cinq par feuillet. Puis
le copiste glisse le feuillet quil va graver sous les passants dun
petit coussin de format identique (il sagit de feuilles du même
arbre, cousues ensemble et enveloppées dans une housse de tissu).
Il se sert dun stylet à pointe métallique, quil
aiguise régulièrement, de manière à inscrire
aisément les lettres sans toutefois déchirer le feuillet
ceci est dautant plus important quil écrit recto verso.
Il sassoit dans une position confortable, en général
un genou relevé, lautre au sol, et le dos appuyé contre
une cloison ou un pilier. De sa main gauche appuyée sur le genou,
il soutient avec quatre doigts le coussin et replie le pouce sur le feuillet.
Le pouce sert ainsi de butoir au stylet que manie la main droite. La pointe
du stylet est tenue bien droite, perpendiculairement à la feuille,
et coincée dans une encoche pratiquée dans longle du
pouce. En même temps, le pouce gauche fait glisser la feuille de son
côté, sous les passants du coussin, au fil de la gravure des
caractères. Ainsi, la main droite ne court pas le long de la ligne.
Il reste ensuite à passer du noir de fumée sur les pages pour
rendre la gravure lisible. Cest seulement à ce moment-là
que le copiste voit ce quil a écrit. Pour éviter les
ratures, il signale simplement les erreurs par un point placé au centre
des caractères quil veut supprimer. Puis il relie les feuillets
en passant dans le trou de gauche une cordelette composée de plusieurs
fils de coton ou de soie tressés. Un espace est toujours
ménagé dans le texte autour des trous, en prévision
de lusure. Les manuscrits sur ôles courtes ne comportent quun
trou médian ; la cordelette passe donc par le centre.
En début et en fin de volume, on prévoit toujours quelques
feuillets vierges pour protéger les pages gravées. Les pages
sont numérotées au verso, dans la marge gauche, par les lettres
de lalphabet : on utilise le plus souvent les consonnes, auxquelles
on associe successivement les signes voyelles. Le titre et le numéro
de la liasse sont toujours mentionnés sur le feuillet supérieur.
Le colophon est placé à la fin du texte. Les liasses peuvent
être rassemblées entre des ais (planchettes de bois) et
enveloppées dans une étoffe renforcée intérieurement
de fines lattes de bambou. Au Cambodge, cette étoffe est attachée
par un cordon assez épais, qui lie lensemble en cinq points,
par trois tours à chaque fois. Ces chiffres cinq et trois nont
pas été fixés au hasard : ils renvoient, dans le contexte
bouddhique, aux bases de la doctrine, soit les cinq agrégats ou
constituants psychophysiques du corps, et les Trois Corbeilles du Canon
(l'Abhidhamma ci-dessous en est la troisième partie). |