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Né en 1518 en Chine à Qizhou (dans
lactuelle province du Hubei), Li Shizhen est issu dune
famille réputée depuis plusieurs générations
pour sa pratique de la médecine et le commerce de
médicaments. Le père de Li est admis en 1549 à
lUniversité nationale pour ses qualités à la fois
dauteur et de médecin.
À 14 ans, Li entre à
lécole du district mais après trois échecs successifs
à lexamen, il retourne dans sa famille pour y suivre,
encouragé par son père, la voie tracée par ses
ancêtres. Li apprend vite et avec passion les préceptes
de son père et de ses prédécesseurs, qui divisent en
quatre familles les diagnostics médicaux. Selon Li, les quatre
méthodes doivent entrer en jeu pour permettre une identification
pertinente des maux du patient.
Il écrit des traités fort utiles sur
de nombreux sujets médicaux, notamment sur le diagnostic par le
pouls. La renommée de Li comme praticien sétend
et parvient jusquau prince de Chu, qui lui propose un poste de surintendant
des sacrifices à sa cour, tout en continuant à soigner les
malades. Plus tard, sur la recommandation du prince, Li officie à
lAcadémie impériale de médecine à
Pékin, probablement en tant que simple médecin. Le prestige
croissant qui lentoure, confirmé par son expérience,
lui permet alors daccéder à des livres et à des
matériaux non accessibles ailleurs.
En pratiquant la médecine, Li prend
conscience de la nécessité de faire progresser les méthodes
de traitement et de redéfinir la matière médicale
disponible. Entre 1552 et 1578, il réunit tous les ouvrages de
pharmacopée qui font autorité depuis plus de trois siècles.
Il les étudie, puis se charge de les classifier, den corriger
les nombreuses erreurs et dexpliquer leur contenu, tout en y introduisant
de nouvelles données. Cest ainsi quil décide
dentreprendre lui-même la tâche colossale de publier une
encyclopédie de lhistoire de la pharmacopée
naturelle (herboristerie) véritablement à jour . Au cours
des époques précédentes, les ouvrages de cette ampleur
avaient été rédigés par des commissions
impériales ou financés par de riches particuliers. Disposant
de moyens très modestes, Li travaille seul, étudiant
une immense quantité de documents et rassemblant le plus de
spécimens de pharmacopée et formules médicinales possibles.
Le résultat de ce travail est le Bencao gangmu,
encyclopédie de la nature qui contient des milliers darticles
traitant du minéral, de la zoologie, de la botanique et de substances
diverses qui nont jamais été mentionnées auparavant.
Le nombre des prescriptions dépasse 11 000, dont les deux tiers ont
été formulées par Li lui-même.
En 1590, Li présente son manuscrit au
fameux érudit Wang Shizhen, alors ministre de la justice à
Nankin. Celui-ci écrit une préface décrivant
lauteur comme un érudit hors pair et son ouvrage comme le
traité le plus complet pour létude des phénomènes
naturels.
À peine lédition terminée,
Li meurt, en 1593, à lâge de 75 ans.
Le Bencao gangmu nest pas un simple
traité de pharmacopée, lauteur, par ailleurs poète,
ayant même étendu sa curiosité à des ouvrages
dintérêt moindre pour un médecin (par exemple sur
les éléments naturels ou sur les habits les plus pratiques
pour un praticien ou encore sur les animaux, létymologie des
noms des substances etc.). Li est resté proche de son temps,
évoquant le maïs et la patate douce (ou encore la syphilis)
importés du « nouveau Monde », lAmérique des
Espagnols.
Linfluence du Bencao gangmu est
rapide et considérable. Dès 1607, il est publié au Japon.
Au XVIIIe siècle, on le retrouve en Europe, où il est
traduit en russe, en allemand, en français et en anglais.
Linné et Darwin sen
inspirent et lutilisent pour leurs travaux. Li Shizhen, bien
plus quun compilateur en pharmacologie, nous apparait aujourdhui
comme un précurseur dans les champs multiples de la connaissance
universelle. |