Typologie des animaux

Les cinq premiers textes de la mappemonde ont été ensuite complétés, sans doute par le même scribe, un clerc fortement épris d'histoire naturelle. Au moment même où, surtout en Angleterre, ses confrères composent des ouvrages intitulés bestiaires, entièrement consacrés aux animaux de la création.
Dans les espaces restants, autour de la mappemonde, l'auteur a introduit, en suivant fidèlement le livre XII des Étymologies d'Isidore de Séville, la taxonomie et la description d'un certain nombre d'animaux.
   


 Chameau


 Cerf

Les animaux domestiques


Le texte 6 – qui commence immédiatement après la définition de la mappemonde – est l'énumération d'un certain nombre d'animaux domestiques, empruntée, pour l'essentiel, au chapitre I du livre XII des Étymologies : "Du bétail et des bêtes de somme". Chaque nom, inscrit en rouge, précède la description. Pour bien marquer la différence avec le paragraphe précédent, l'auteur a inséré ces titres entre de longs tirets quand la place le lui permettait. Chaque description commence par une majuscule simple, rubriquée, à l'exception du premier paragraphe qui est introduit par une initiale enluminée, comme si le scribe avait continué sur sa lancée. Sont ainsi décrits :
– les bouquetins (ibices) (Étymologies, XII, I, 16) ;
– les cerfs (cervi) (Étymologies, XII, I, 18) ;
– le daim (damnula) (Étymologies, XII, I, 22) ;
– le buffle (bubalus) (Étymologies, XII, I, 33) ;
– le sanglier (aper) (Étymologies, XII, I, 27) ;
– le chameau (camelis) (Étymologies, XII, I, 35) ;
– le dromadaire (dromeda), (Étymologies, XII, I, 36) ;
– l'onagre (onager) (Étymologies, XII, I, 39).
Des animaux énumérés dans le même ordre que celui d'Isidore, mis à part le buffle dont la description a peut-être été ajoutée.

 

Les bêtes sauvages


  Cette sorte de taxonomie se poursuit (texte 7) avec la liste des "bêtes sauvages" qui constituent le chapitre II du livre XII d'Isidore :
– le lion (leo) (Étymologies, XII, II, 3) ;
– le tigre (tygris) (Étymologies, XII, II, 7).
   

 Lion

 
Panthère                                   Éléphant
 


 Tigre et ours

 

Mais, au lieu de continuer en descendant, l'énumération se poursuit sur la colonne de gauche (texte 4), en dessous du texte sur la création. Avec, de haut en bas :
– le pard (pardus) (Étymologies, XII, II, 10) ;
– le léopard (leopardus) (Étymologies, XII, II, 11) ;
– le rhinocéros (rhinoceron) (Étymologies, XII, II, 12) ;
– l'éléphant (elefans) (Étymologies, XII, II, 14) ;
– le caméléon (camelion) (Étymologies, XII, II, 18) ;
– le lynx (lincis) (Étymologies, XII, II, 20).
Comme précédemment, les descriptions sont annoncées par une majuscule rubriquée, le titre précédant le paragraphe mais sans tirets cette fois, sans doute par économie de place.
La liste s'achève, dans la partie inférieure de la mappemonde, par la description :
– du castor (castor) (Étymologies, XII, II 21) ;
– de l'ours (ursus) (Étymologies, XII, II, 22) ;
– du singe (simia) (Étymologies, XII, II, 30).


 Dragon


 Vipère et céraste


 Basilic et aspic


 Scitale

Les serpents


Après les animaux sauvages, passant outre la description des "petits animaux" qui constitue le corps du chapitre III du livre d'Isidore, l'auteur poursuit par l'énumération et la description des serpents (texte 8). Le texte est emprunté de façon plus ou moins ordonnée au chapitre IV du livre XII des Étymologies. Il égrène longuement, sur les colonnes de droite à gauche, les différents types de reptiles et de lézards. Cette description renvoie à la mappemonde où sont figurés, dans la partie extrême de l'Éthiopie, les reptiles de toutes sortes qui hantent ces lieux torrides réputés inhabitables. De droite à gauche, ce sont :
– le dragon (draco) (Étymologies, XII, IV, 4) ;
– la vipère (vipera) (Étymologies, XII, IV, 10) ;
– l'aspic (aspis) (Étymologies, XII, IV, 12) ;
– la dipsa (dipsa) une variante de l'aspic (Étymologies, XII, IV, 13) ;
– le régulus (regulus) ou basilic, ajouté en bas du parchemin comme un repentir (Étymologies, XII, IV, 6).
Puis, sur la colonne de gauche :
– le céraste (ceraste) ou serpent à cornes (Étymologies, XII, IV, 18) ;
– le prester (Étymologies, XII, IV, 16) ;
– le seps ou aspic putréfiant (seps tabificus) (Étymologies, XII, IV, 17) ;
– l'enhydris (?) ;
– l'hydre (Ydra), suivie de l'elydros (Étymologies, XII, IV, 23-24) ;
– la couleuvre (renatrix) (Étymologies, XII, IV, 25) ;
– le paria (Étymologies, XII, IV, 27) ;
– le boa (Étymologies, XII, IV, 28) ;
– le javelot (iaculus) (Étymologies, XII, IV, 29) ;
– le seps, dont le nom est répété deux fois comme chez Isidore (Étymologies, XII, IV, 17) ;
– la sirène (serena) (Étymologies, XII, IV, 29) ;
– la salamandre (salamanda) (Étymologies, XII, IV, 36).

Se poursuivant, toujours de droite à gauche, sur la colonne précédente :
– la sirène (répétition) ;
– la scitale (scitalis) (Étymologies, XII, IV, 34) ;
– le stellion (stellio) (Étymologies, XII, IV, 35) ;
– le scorpion (scorpio) (Étymologies, XII, IV, 38).
Ce chapitre se clôt par un long paragraphe sur "les scorpions et autres serpents".
  

 

Les oiseaux



 Oiseau hercynien
Le bestiaire se poursuit ailleurs, en haut de la mappemonde, dans l'espace laissé vide avant la description du ciel (texte 1). Là il est question "De la nature de certains oiseaux" (texte 9). Ici encore l'auteur tire profit de la place disponible en même temps, comme pour le chapitre sur les serpents, qu'il profite de la proximité de certaines représentations, comme celle des oiseaux d'Hyrcanie. Le texte, comme les précédents, est en grande partie tiré du chapitre VII du livre XII des Étymologies, avec néanmoins quelques exceptions.

 Perroquet

 
Autruche                                  Pélicans
 

 Pigmée luttant contre
 les grues
De haut en bas sont énumérés :
– l'aigle (aquila) (Étymologies, XII, VII, 10) ;
– le vautour (vultur) (Étymologies, XII, VII, 12) ;
– le perroquet (Psytacus) (Étymologies, XII, VII, 24) ;
– l'autruche (struthio) (Étymologies, XII, VII, 20) ;
– l'ibis (ibis) (Étymologies, XII, VII, 33) ;
– les grues (grues) (Étymologies, XII, VII, 14-15) ;
– les oiseaux de Diomède (Diomedias aves) (Étymologies, XII, VII, 28-29) ;
– le pélican (pelicanus) (Étymologies, XII, VII, 26) ;
– les oiseaux hercyniens (Erciniae aves) (Étymologies, XII, VII, 31) dont la description fait quasiment face à la représentation.