Il reste à confronter cette vision plurielle, à la fois
historique, cosmique, théologique et eschatologique que Hugues
de Saint-Victor propose du monde, avec celle de ses contemporains, proches
ou lointains, afin d'en mesurer à la fois l'influence et l'originalité. |
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La lecture historique La lecture historique de la mappemonde, cette lente
dérivation du temps de l'orient vers l'occident, se lit clairement
sur la mappemonde dite de Henri de Mayence qui précède une
transcription du De imagine mundi de Honorius Augustodunensis.
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La lecture cosmique La seconde lecture, cosmique celle-là, représentant
la terre au milieu des éléments, fruit d'une longue tradition
tant iconographique que littéraire, transmise à travers
les Étymologies et le De natura rerum d'Isidore de
Séville, traverse tout le XIIe siècle,
et bien au-delà. On la retrouve sur la mappemonde du Béatus
de Turin, du début du XIIe siècle,
entourée des quatre vents soufflant dans une trompe, à califourchon
sur de grosses outres gonflées prêtes à éclater,
transposition cosmique d'autres cavaliers plus menaçants chargés
de répandre sur la terre la guerre, la faim, la peste et la mort.
Et encore sur les multiples schémas qui ornent le Liber floridus
de Lambert de Saint-Omer, et les autres encyclopédies contemporaines ;
sans compter les extraordinaires représentations de l'univers du
Liber scivias ou du Liber divinorum operum de Hildegarde
de Bingen. |
La lecture théologique Quant à la lecture théologique, fortement
teintée de néoplatonisme, elle place l'image du monde entre
les bras de la "Sagesse" divine et déploie au-dessus du monde sensible
un autre monde "intelligible" où règne le "Roi" des cieux.
On la rencontre au XIIe siècle sur
différents schémas et plus tard au XIIIe
siècle dans les "Figures en majesté" qui
enserrent ou dominent certaines mappemondes comme celle d'Ebstorf. Avec
cependant des nuances à l'intérieur de ces représentations.
Là où Hugues de Saint-Victor avec Hildegarde de Bingen insistaient
sur la "Sagesse" unique gouvernant le monde, les mappemondes du XIIIe
siècle, telle cell d'Ebstorf, sont tenues entre les mains
du Fils de l'homme, "le premier et le dernier vivant", auréolé
d'un nimbe crucifère, portant comme à Ebstorf les stigmates
de la crucifixion, le "Verbe" rédempteur triomphant de la mort
et du péché. |
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La lecture eschatologique Enfin, la lecture eschatologique est la seule qui subsiste
au sommet de la grande mappemonde de la cathédrale de Hereford
– dernier maillon de la chaîne des grandes mappemondes anglaises
– où, de chaque côté du Christ, les bras levés,
montrant ses plaies, entouré d'anges présentant les instruments
de la passion comme autant de précieuses reliques, dans la grande
tradition des tympans de Saint-Denis, de Chartres, de Notre-Dame..., d'autres
anges sonnent l'heure du Jugement : d'un côté, un ange
conduit les justes vers le Paradis ; de l'autre, un démon
aux ailes de chauve-souris traîne les damnés vers une porte
qui ouvre sur la gueule du Léviathan. |