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Premiers traités échiquéens Les Arabes ont énormément contribué
au développement et à l'approfondissement des échecs.
Ce sont eux qui, les premiers, ont constitué une véritable
"littérature échiquéenne" rassemblant des recueils
de parties et des problèmes d'échecs destinés à
l'apprentissage du jeu ou à son perfectionnement. AI-Adli rédige
son Livre des échecs en 842, sous le calife Haroun al-Rachid,
grand mécène du jeu. De cette même époque datent
des fins de parties analysées et desquelles étaient tirés
des enseignements applicables à la pratique. Ces traités,
notamment ceux d'al-Suli, étudient des parties réellement
jouées dont le dénouement est particulièrement beau
ou surprenant. C'est la naissance du problème d'échecs. Un jeune seigneur eut la folie de jouer aux échecs,
contre un monceau d'or, sa belle et favorite esclave Dilaram. Réduit
à une position désespérée et menacé
d'un mat en un coup, sa vue se trouble, sa tête s'égare,
il maudit sa cupidité qui l'expose à perdre une femme qu'il
adore. Incapable de se délivrer du danger qui le menace, il croit
n'avoir plus qu'à se résigner à son malheureux sort.
Mais la belle Dilaram suivait la partie. Derrière son voile, elle
l'avait étudiée avec soin, et ne désirant pas devenir
la propriété de l'étranger, elle s'écrie :
"Oh ! mon seigneur, que la joie rentre dans votre âme, sacrifiez
vos deux rocs [tours] plutôt que moi, avancez hardiment votre éléphant
[fou], poussez votre pion et votre cavalier donnera le mat !" Un
peu incrédule, son maître suivit quand même son conseil,
gagna l'or et garda Dilaram. |
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La littérature échiquéenne s'est rapidement répandue dans tout l'Empire islamique et jusqu'en Occident, dans l'Espagne musulmane où les échecs sont enseignés. Ainsi des étudiants européens ont-ils appris la pratique du shatrandj. À partir de 1200, apparaissent les premiers écrits occidentaux : Le Livre des jeux d'Alphonse X, roi de Castille et passionné du jeu, et surtout Le Livre des échecs moralisés (vers 1315) de Jacques de Cessoles. Mais contrairement aux musulmans, les Européens ne s'intéressent peu aux problèmes d'échecs. Ils ne cherchent pas la beauté des combinaisons mais des méthodes efficaces, notamment dans les ouvertures, pour gagner la partie. Les musulmans, dont la civilisation est alors plus avancée dans les domaines intellectuels, considèrent le jeu de manière plus scientifique que les nobles européens, bons vivants et peu enclins à un travail de recherche. |