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L’alphabet grec en bref

En inventant les voyelles, les Grecs transformèrent profondément l’alphabet phénicien qu’ils avaient choisi d’adopter. Cette innovation explique sans doute la postérité de ce système d’écriture, qui donna naissance à l’alphabet latin et est utilisé universellement, pour noter, outre la langue grecque, des symboles mathématiques.

Écriture grecque
Écriture grecque |

© Bibliothèque nationale de France

L’alphabet grec
L’alphabet grec

C’est en inventant les voyelles, innovation technique de taille, que les Grecs empruntèrent pour l’adapter à leur langue l’alphabet phénicien. La simplicité de ce nouveau système permit un accès plus direct à la lecture et à l’écriture. Les Latins s’en inspirèrent pour créer leur propre alphabet. Celui-ci, après transformations et variations, se trouve être à l’origine d’un bon nombre de systèmes utilisés aujourd’hui pour noter quantité de langues du monde. Mêlés à d’autres symboles, les alphabets grec et latin sont aussi en usage, à côté des chiffres arabes dérivés de l’Inde, dans les mathématiques et les sciences.

La civilisation crétoise connut plusieurs systèmes d’écritures :

  • hiéroglyphique ;
  • linéaire A, mélange de caractères syllabiques et d’idéogrammes (Haghia Triada), dont on n’a jusqu’à présent lu que deux mots ;
  • linéaire B, syllabaires de 89 signes qui supposent déjà une analyse phonétique de la langue et sont déchiffrés. À Chypre, on a retrouvé trois écritures dites « cyprominoéennes » qui se rapprochent du linéaire B.

Les Hellènes, arrivés en Grèce à partir du début du 1er millénaire av. J.-C., essaient d’abord une écriture syllabique inspirée de ces systèmes crétois et mycénien ; mais c’est l’alphabet phénicien, mieux adapté à leur langue, qu’ils adoptent en définitive, vraisemblablement vers 800 av. J.-C., grâce à des Grecs eubéens qui, à Chypre ou dans le nord de la Syrie, côtoient des Phéniciens.

Cet emprunt se double d’une innovation révolutionnaire : les voyelles. L’alphabet phénicien, dépourvu de signes pour les noter, comportait en revanche des signes/consonnes inutiles au grec. Au lieu d’inventer d’autres lettres, les Grecs les utilisèrent avec une nouvelle valeur phonétique : la consonne phénicienne aleph devint par exemple la voyelle grecque alpha, gardant sa forme de base et son nom phéniciens.

Au 4e siècle av. J.-C., diverses formes d’écritures s’étaient répandues à travers le monde grec ; elles s’unifièrent autour de l’alphabet classique de 24 signes choisi par Athènes ; il permettait désormais de fixer n’importe quelle langue avec un ensemble réduit de signes. Grâce aux conquêtes d’Alexandre le Grand, le grec essaima à travers le monde. Ce fut l’écriture de l’Empire byzantin.

Au 9e siècle, les textes antiques sont recopiés dans une minuscule grecque plus cursive. C’est grâce à ce relais, auquel s’ajoutent des traductions arabes, que les textes scientifiques et philosophiques de l’Antiquité nous sont parvenus. L’alphabet grec, toujours en usage aujourd’hui, est l’ancêtre de l’alphabet latin, des alphabets copte, glagolitique, cyrillique et peut-être aussi de l’écriture runique. Des lettres grecques sont à la base de nombreux symboles mathématiques et scientifiques, le plus célèbre étant la lettre.

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