Les écritures gothiques
C'est probablement du royaume anglo-normand que viennent les prémices du
style gothique. Encore une
fois, les apports des maîtres anglo-saxons semblent déterminants dans cette évolution. Peu à peu, la caroline se redresse et
s'étire vers le ciel. Avec la gothique, on peut vraiment parler de majuscules, alors qu'auparavant les lettres des
titres étaient surtout des capitales empruntées à des écritures antérieures.
Le développement de la société médiévale autorise parallèlement l'émergence, au XII
e siècle, d'une écriture
cursive * qui devient la cursive gothique. On la trouve dans toutes sortes de documents et actes
écrits de la vie quotidienne. Son essor est favorisé par l'apparition du métier de maître d'écriture et la création
d'ateliers laïques. Le livre devient alors une marchandise qui se vend dans les foires.
Parmi toutes les écritures gothiques, les plus célèbres sont la textura, la bâtarde, certaines écritures cursives,
notamment celles des chancelleries qui aboutiront au XV
e siècle à une forme stylisée, la fraktur, et la rotunda,
une cousine latine beaucoup plus arrondie utilisée en Italie et en Espagne.
Parmi toutes les écritures gothiques, les plus célèbres sont la textura, la bâtarde, certaines écritures cursives,
notamment celles des chancelleries qui aboutiront au XV
e siècle à une forme stylisée, la fraktur, et la rotunda,
une cousine latine beaucoup plus arrondie utilisée en Italie et en Espagne.
Les humanistes, eux, cherchent une écriture plus lisible : Poggio Bracciolini propose au début du XV
e siècle
la littera antiqua, un compromis entre la rotunda et la caroline. Dans le même temps apparaît une
nouvelle cursive: la "cursive humanistique", ancêtre de l'italique, un mariage heureux entre la minuscule
humanistique et la cursive gothique italienne, tandis que les chancelleries papales élaborent une forme particulièrement
élégante,
la cancelaresca (ou chancelière).
L'arrivée de l'imprimerie
Jusqu'à la Renaissance, le livre est le grand véhicule de l'écriture. L'imprimerie prend progressivement le relais, et le
manuscrit devient peu à peu un objet d'art. C'est alors qu'apparaissent de grands maîtres qui signent des livres théoriques
et pratiques sur "l'art de la belle écriture". Les circonvolutions de l'écriture vont suivre leur cours, ponctué de noms
comme Arrighi, Palatino, Tagliente Yciar, Lucas, Mercator...
Au XV
e siècle, l'écriture est tracée majoritairement à la plume à bout carré. À cette époque, en France, on emploie une
cursive de style gothique appelée "lettre de civilité", ainsi que la financière.
Au XVII
e siècle, l'utilisation de plumes de plus en plus pointues apporte des modifications dans la silhouette : les traits
sont plus fins, les angles plus arrondis, les arabesques naissantes dans la cancelaresca dansent comme des rubans sur le
papier (Van de Velde, Periccioli, Barbedor...). Durant cette période, de nouvelles écritures apparaissent : la ronde, la
bâtarde, la coulée.
Enfin, au XVIII
e siècle, un nouveau style émerge à partir de la bâtarde italienne, plus "facile à tracer", plus "rapide à
écrire" :
l'anglaise. Elle doit son nom d'une part aux maîtres anglais (Bickham, Champion...) qui
ont largement contribué à sa maturation, mais aussi à la puissance économique britannique qui diffuse cette écriture
commerciale et utilitaire.
Jusqu'au XX
e siècle, l'anglaise a servi de base à l'écriture scolaire. Mais aujourd'hui, la structure des lettres est en
pleine transformation. Les tags nous proposent une capitale métamorphosée, l'école réclame de nouveaux modèles, la
calligraphie se développe. Serions-nous à l'aube de nouvelles créations ?