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Sommet d’une stèle mésopotamienne portant des symboles divins inscrits

Sommet d’une stèle mésopotamienne portant des symboles divins inscrits
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Les stèles nommées kudurru sont des chartes de donation de terrains, concédés le plus souvent par les rois de Babylone. Écrites sur la pierre solide et durable, elles sont placées sous la protection des dieux représentés sur le monument. Le texte juridique est ici mutilé, mais, exceptionnellement, les quinze représentations divines encerclant le sommet de cette stèle portent une inscription les nommant.
Cette association du texte et de l’image en fait un document capital pour notre connaissance de la mythologie mésopotamienne.

Les grands astres dominent la scène :
l’étoile à huit branches d’« [Ishtar] » la grande déesse, assimilée à la planète Vénus, est placée au sommet du monument ;
« [Sin] », la Lune, est représenté par le croissant lunaire qui, dans le ciel d’Orient, s’offre au regard comme une barque (l’inscription est mutilée) ;
« [Samash] », le Soleil et dieu de Justice, est un astre radié car ses rayons effacent les ombres ;
« Gu[la] », déesse de la médecine, est assise sur son trône porté par son animal attribut, le chien (mutilé) ;
« Ea », le plus intelligent des dieux, maître des eaux douces, sage ami des hommes, est symbolisé par un sceptre à tête de bélier, placé sur un autel porté par le poisson-chèvre, son animal attribut, génie hybride protecteur qui deviendra le symbole du signe astrologique du Capricorne ;
« Marduk » est le grand dieu de Babylone ; il a pour emblème une bêche (marru), placée sur un podium. Cet outil rappelle peut-être qu’il était à l’origine un dieu de l’agriculture ;
« Nusku », dieu du feu et de la lumière, est représenté par une lampe à huile ;
la déesse « Ishara » est la constellation du Scorpion ; elle est représentée par son symbole magique ;
« Nergal (?) », dieu des Enfers, a pour emblème et symbole un sceptre ou cimeterre à tête de lion et à oreilles d’âne ;
« Zababa », très ancien dieu de la ville de Kish, figure sous l’apparence d’une masse d’armes à tête d’aigle (ou de griffon) ;
un dragon portant un autel représente un dieu majeur dont le nom a disparu ;
« [Shu]qamuna », divinité au nom kassite (c’est la langue des souverains d’origine étrangère qui régnaient sur Babylone), est assimilé à Nergal, dieu des Enfers. Son emblème est un bâton à tête carrée ;
« Papsukkal » ou Ninshubur, le messager des dieux, est un oiseau marchant ;
le nom mutilé de la divinité qui apparaît comme un sceptre à double tête de lion est peut-être celui du dieu guerrier, Ninurta ;
« Ishtaran » est représenté par son symbole et acolyte, le serpent Nirah. Il était invoqué dans les temps sumériens archaïques comme un dieu associé aux règlements de frontières.

Cette stèle a été découverte lors des fouilles de Jacques de Morgan à Suse en 1899.

Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau

  • Date
    Époque kassite, fin du IIe millénaire av. J.-C.
  • Lieu
    Suse (Iran)
  • Description technique
    Calcaire, H. 18 cm, diam. 14 cm
  • Provenance

    Musée du Louvre, Antiquités orientales, Sb 3224

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm1062006191