|
||
|
Dès le moment
où je fus placé sous sa conduite, il m'instruisit à
une telle pureté, il écarta si bien de moi tous les vices
qui accompagnent ordinairement le bas âge, qu'il me préserva
entièrement des dangers les plus fréquents. Il ne me laissait
aller nulle part sans m'accompagner, ni prendre aucun repos ailleurs
que chez ma mère, ni recevoir de présent de personne qu'avec
sa permission. Il exigeait que je ne fisse rien qu'avec modération,
avec précision, avec attention, avec effort, tellement qu'il semblait
vouloir que je me conduisisse non pas comme un clerc, mais même
comme un moine. En effet, tandis que les enfants de mon âge couraient
çà et là selon leur plaisir, et qu'on les laissait
de temps en temps jouir de la liberté qui leur appartient, moi,
retenu dans une contrainte continuelle, affublé comme un clerc,
je regardais les bandes de joueurs comme si j'avais été
un être au-dessus d'eux. L'on m'accordait à peine quelques
instants de repos, jamais un jour entier ; j'étais toujours
également accablé de travaux, et mon maître s'était
engagé à n'instruire que moi, et n'était point libre
de se charger d'aucun autre élève. |
|
De Vita sua, I. 5. |
||
|