L'Hôtel de Ville (août 1335)
  La "Maison aux Piliers", place de Grève, sur l'emplacement de I'Hôtel de Ville actuel, était le siège de la prévôté des marchands. Apres la confirmation de son appartenance au dauphin de Viennois faite en 1335 par Philippe VI, elle fut donnée en 1356 par ce même dauphin à Jean d'Auxerre. Ensuite, le 7 juillet 1357, la municipalité achetait à celui-ci Ia maison moyennant 2 880 livres parisis. On sait que la "confrérie des citoyens parisiens qui sont marchands de I'eau", qui existait des 1134, se transforma progressivement en municipalité parisienne. Entre 1141 et 1250, les bourgeois participèrent aux travaux d'édilité : pavages des grands axes, construction de la muraille... En 1251, ils prêtèrent même serment à Blanche de Castille alors régente. On connaît Ies noms de certains des bourgeois qui siégeaient dans la Maison aux Piliers. Sept d'entre eux furent choisis par Philippe Auguste, en juin 1190, à la veille de son départ pour la croisade pour garder le trésor royal. Il s'agissait de Pierre le Maréchal, Thiboud le Riche, Athon de Grève, Ébrouin le Changeur, Robert de Chartres, Baudoin Bruneau et Nicolas Boisseau. En 1141, Louis VII contre le paiement de 70 livres accorda aux bourgeois de la Grève et du Monceau-Saint-Gervais que la place de Grève demeurerait à perpétuité libre de toute construction. Le marché qui s'était tenu sur cette place avait été transféré aux Champeaux dès le règne de Louis VI. La place de Grève pouvait devenir, en plus d'un port où accoster, le lieu des fêtes, des rassemblements et des exécutions.
    
 
 

Philippe par la grâce de Dieu roi de France, savoir faisons à tous présents et à venir que en considération des bons, honorables et agréables services que notre très cher cousin et fidèle Humbert, dauphin de Viennois, et ses prédécesseurs, ont fait à nous et à nos prédécesseurs à plusieurs reprises, bien et loyalement, nous lui donnons notre maison sise à Paris communément appelée la Maison aux Piliers, en Grève, avec tous ses droits, appartenances et appendices, laquelle maison notre très cher et fidèle cousin, feu Guigon, dauphin de Viennois, frère jadis et prédécesseur dudit Humbert, dauphin aujourd'hui, tenait à I'époque de son décès, en vertu d'un don fait à lui, d'une certaine forme. Nous octroyons et donnons, par certaine science et grâce spéciale, cette maison à notre dit cousin le dauphin Humbert, pour lui, ses héritiers et ses successeurs, dauphins de Viennois, par la teneur de nos présentes lettres et nous transmettons dès à présent à notre dit cousin pour lui, ses héritiers et ses successeurs, dauphins de Viennois, comme il est dit ci-dessus, la possession et propriété de ladite maison avec ses droits, appartenances et appendices, quels qu'ils soient. Et pour que ce soit chose ferme et sûre à jamais, nous avons fait mettre notre sceau en ces présentes lettres, sauf notre droit en autres choses et le droit d'autrui en toutes choses. Donné au bois de Vincennes, l'an de grâce 1335, au mois d'août.

 
 

Leroux de Lincy, Histoire de l'Hôtel de Ville de Paris, Paris, 1846, p. 3. Texte traduit de l'ancien français.