Le pavage des rues de Paris (18 juillet 1296)
  On connaît évidemment I'anecdote fameuse rapportée par les Chroniques de Saint-Denis : "Un jour que le roi allait par son palais... il s'accouda à une des fenêtres pour prendre l'air. Or il arriva que précisément des charrettes qui passaient sur les chemins remuèrent et touillèrent tant la boue et les immondices dont la voie était pleine qu'une puanteur à peine supportable en sortit, monta jusqu'à la fenêtre où était accoudé le roi. Quand il sentit cette odeur affreuse, il quitta la fenêtre, le cœur défaillant." Cette aventure aurait déterminé Philippe Auguste à donner I'ordre aux bourgeois de Paris de "paver toutes les rues de grès épais et robuste". Mais la ville ne fut pas pavée en un jour. Voici la suite quelque quatre-vingt-dix ans plus tard.
    
 
 

L'an de grâce 1296, le mercredi avant la fête de la Madeleine.
Derechief il fut décidé que désormais, on confiera le soin à un prud'homme de la Marchandise de surveiller que ceux qui travailleront aux chaussées accomplissent des journées suffisamment longues et entières, comme ils doivent le faire. Ce prud'homme sera tenu chaque jour de mettre les ouvriers au travail et de veiller à ce qu'ils fassent de bonnes journées et de surveiller combien ils utiliseront de pierres et de mortier durant la journée. Et le samedi, il fera son rapport au clerc de la marchandise sur le nombre de pierres et la quantité de mortier utilisés. Et on ne prendra pas garde à son "Iignage" non plus qu'aux services qu'il aurait pu rendre au prévôt et aux échevins, mais seulement au fait qu'il a été prud'homme et de "bonne vie".

 
 

Leroux de Lincy, Histoire de I'Hôtel de Ville de Paris, paris, 1846, p. 132. Texte traduit de l'ancien français.