Détecter et éviter l'"ouvre fausse" est l'un des premiers soucis des organisations de métier. Les maîtres-jurés ont pour tâche première de surveiller, contrôler la production lors de leurs visites dans les ateliers. Ce souci est particulièrement sensible pour l'orfèvrerie, d'abord parce que la fraude sur les métaux précieux, très avantageuse pour le fraudeur, est particulièrement tentante, mais aussi parce que, travaillant à la commande, le métier de l'orfèvrerie, plus que tout autre, doit compter avec la confiance des clients potentiels. Ce texte se compose d'extraits, faits en 1462, d'un des registres du métier, aujourd'hui disparu mais conservé, à l'époque, dans la chapelle des orfèvres à Paris. Y sont relatés l'élection et les comptes rendus des visites des gardes-jurés. Les documents réglementaires ne s'attachant que rarement au processus de fabrication, le témoignage d'un tel document apporte un complément précieux sur la vie du métier. |
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L'an 1345, le dixième jour de décembre
furent élus pour être gardes de l'orfèvrerie de Paris,
par l'assentiment et l'accord de tout le commun du métier Richart
de Villers, Pierre Feuillet, Martin le Fèvre, Guillaume de Montpellier,
Pierre Mangars et Pierre de la Chapelle. En ce temps, il advint qu'en
faisant leurs visites, ils trouvèrent en la rue au Feurre des annelets
de laiton dans lesquels avaient été insérées
des pierres d'émail imitant le grenat, ils les confisquèrent
partout où ils en trouvèrent, les détruisirent et
maître Thomas de La Chèvre, alors lieutenant du prévôt
de Paris ordonna à Jean d'Avallon, sergent à verge, de faire
commandement aux maîtres des anneliers de laiton de ne plus souffrir,
désormais, qu'il en soit ainsi. |
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G. Fagniez, Études
sur l'industrie et la classe industrielle à Paris aux XIIIe et XIVe siècles, 1877, Réimpr.
1970, |
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