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Continuation de Géraud
de Frachet
À cause d'une mutation monétaire, c'est-à-dire du
passage de la monnaie faible à une monnaie forte, une révolte
désagréable s'éleva à Paris à cause
des loyers des maisons. En effet, les citoyens de Paris étaient
forçés de louer leurs maisons et d'acquitter leurs loyers
en monnaie forte selon l'ordonnance royale, ce qui correspondait pour
le petit peuple à s'acquitter d'un loyer presque triplé
par rapport au prix habituel. Enfin, une foule de gens du peuple et des
bourgeois de Paris, excités contre le roi, se dirigèrent
aussitôt vers la maison du Temple à Paris, dans laquelle
ils savaient que le roi s'était réfugié, et demandèrent
de pouvoir accéder devant lui et quand cela leur fut refusé,
ils bloquèrent les issues de la forteresse du Temple par la force,
afin que les vivres ne puissent être apportés au roi. De
plus, quand ils se rendirent compte qu'Étienne Barbette, citoyen
de Paris, riche et puissant, qui était officier voyer de la cité,
était le principal conseiller et à l'origine de l'ordonnance
sur le loyer des maisons, très en colère contre lui, ils
livrèrent au pillage puis aux flammes d'abord la maison qu'il avait
hors des murs de la cité, puis la maison qu'il habitait près
de Saint-Martin dans le faubourg. Quand le roi découvrit ces méfaits,
ne supportant pas plus longtemps le mal qui avait été fait
à lui-même et à son bourgeois, il punit de mort tous
les fauteurs de troubles qu'il put trouver. Et il fit pendre les plus
coupables, hors des portes de la cité, aux arbres les plus proches,
ainsi qu'à des fourches patibulaires installées aux entrées
les plus importantes de la ville.
Jean de Saint-Victor
Cette même année, le roi de France Philippe IV voulut, ainsi
qu'il l'avait promis auparavant au pape Benoît XI, rétablir
en bon état la monnaie ayant cours dans tout le royaume ; et il
fit ordonner, vers la fête de saint Jean-Baptiste, partout par les
villes et les châteaux du royaume, ainsi qu'il fut consigné
dans l'acte, qu'à partir de la Nativité de la Vierge en
septembre, tous les contrats seraient passés en bonne monnaie,
à la valeur de la monnaie ayant cours au temps de son aïeul
Saint Louis, et que tous les revenus et loyers des maisons seraient versés
en bonne monnaie. C'est pour cette raison qu'une révolte éclata
et beaucoup d'autres par la suite. Les citoyens de Paris, surtout les
pauvres et les moyens, qui louaient leurs maisons, à cause de l'augmentation
par trois du prix des loyers, ourdirent une conspiration d'abord contre
les propriétaires des maisons et ensuite contre le roi. En effet,
ces gens en armes et désespérés assiégèrent
le roi dans le Temple, où il s'était réfugié
avec ses sergents d'armes, ses chevaliers, de nombreux barons et conseillers
afin qu'il ne puisse recevoir de nourriture et objets de première
nécessité avant de leur avoir parlé pacifiquement
à propos de leur requête (ce que le roi refusait, au contraire,
il se dérobait). Et parce qu'on disait que le conseiller du roi
sur ce sujet était Étienne Barbette, citoyen de Paris et
voyer de la ville, ils se réunirent en une seule foule, puis une
partie alla incendier entièrement la maison que ledit Étienne
avait en dehors de la ville, et l'autre mit à sac une autre maison
qu'il avait dans la ville. Et la foule tenait le roi, ses frères
et ses barons si bien assiégés dans le Temple qu'aucun d'eux
ou de leurs hommes n'osait entrer ou sortir. Ce fut la raison de bien
des malheurs : en effet, le roi par la main armée des nobles
répondit par la violence, et plusieurs émeutiers furent
tués, et d'autres pendus aux arbres près de la ville le
jour de l'Épiphanie, pour que tous les voient ; d'autres encore
qui n'étaient que suspects, furent emprisonnés quelque temps
dans les prisons royales. Il saisit les biens de tous les gens qui avaient
été pendus. Quelques innocents furent pendus ; tandis
que d'autres, conscients du péril où ils étaient,
choisirent la fuite.
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