Les réserves du roi en croisade
 
 

130. Quand nous arrivâmes à Chypre, le roi était déjà à Chypre. Et nous trouvâmes en grande abondance les approvisionnements du roi, à savoir les celliers du roi et les deniers et les greniers. Les celliers du roi étaient ainsi : ses gens avaient fait, au milieu des champs, sur le bord de la mer, de grands tas de tonneaux de vin, qu’ils avaient achetés deux ans avant l’arrivée du roi ; et ils les avaient entassés les uns sur les autres, si bien que, quand on les voyait par-devant, on avait l’impression que c’étaient des granges. 131. Le froment et l’orge, ils en avaient fait des amoncellements au milieu des champs ; et quand on les voyait, on avait l’impression que c’étaient des collines ; car la pluie, qui avait depuis longtemps battu les céréales, avait fait germer les couches supérieures, si bien que n’était apparente que l’herbe verte.
Et il arriva que, quand on voulut les transporter en Égypte, on fit tomber les croûtes supérieures avec l’herbe verte, et on trouva le froment et l’orge aussi frais que si on venait de les battre.

 
 
 

Joinville, Vie de Saint Louis, 1309, traduction de Jacques Monfrin (Classiques Garnier, 1995, p. 65)