Philippe Auguste casse la commune de Laon (1190)
  Les événements de la commune de Laon en 1116 sont très célèbres. Les clercs avaient d'abord accordé aux bourgeois une commune contre une somme d'argent. Mais l'évêque de Laon, Gaudry, pria le roi de la supprimer, lui offrant pour cela 700 livres. Le roi s'exécuta et l'évêque voulut ensuite lever un impôt pour récupérer ses 700 livres. Les artisans, vignerons, boutiquiers et ministériaux se soulevèrent aux cris de "Commune ! Commune !" et l'évêque fut tué. C'est la narration qu'en donne Guibert de Nogent dans son autobiographie. Ensuite, la commune fut cassée par le roi avant d'être restaurée encore, en 1128, et cassée à nouveau en 1190.
    
 
 

Au nom de la sainte et indivise Trinité, Amen. Philippe par la grâce de Dieu roi de France. Nous faisons savoir à tous présents et à venir que par le conseil de nos évêques et de nos barons, devant la prière de l'évêque et de tout le chapitre de l'église Sainte-Marie de Laon et la demande de notre cher maître Michel, doyen de Meaux, et de maître Gilbert, souhaitant éviter le péril de notre âme, et pour le remède de notre âme et de celles de nos parents, nous cassons la commune de Laon, instituée contre le droit et la liberté de l'église Sainte-Marie, et nous invalidons toutes les chartes et tous les écrits instituant ou confirmant la commune, pour l'amour de Dieu et de la Sainte Vierge et par respect de notre pèlerinage à Jérusalem. Nous interdisons par notre autorité royale que quiconque ose vouloir jamais restaurer cette commune. Pour que ceci gagne en force perpétuelle, nous avons ordonné de munir cette lettre de l'autorité de notre sceau et du seing royal. Fait à Messine l'année de l'incarnation 1190, la douzième année de notre règne, présents au palais ceux dont les noms sont souscrits.
Seing du comte Thibaut, notre sénéchal. Seing de Guy, bouteiller. Seing de Mathieu, chambrier. Seing de Raoul, connétable. Donné la chancellerie étant vacante.

 
 

Actes de Philippe Auguste, éd. H. F. Delaborde, dir. E. Berger, t. I, p. 455, n° 369. Traduction du latin.