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Ceci est un établissement de la commune de
Rouen, de Falaise et de Pont-Audemer.
1. S'il faut choisir un maire à Rouen ou à Falaise, les
cent qui constituent les pairs éliront trois prud'hommes de la
cité, qu'ils présenteront au roi, pour qu'il y choisisse
le maire qu'il lui plaira.
2. Sur les cent susdits seront élues 24 personnes, du consentement
des cent pairs, ces 24 seront renouvelées chaque année ;
parmi elles, douze seront nommées échevins, et les 12 autres
conseillers. Ces 24, au début de leur mandat, prêteront serment
de respecter les droits de la sainte Église, la fidélité
au roi et la justice ; elles jureront aussi qu'elles jugeront selon leur
conscience, et si le maire impose sur une chose le secret, elles garderont
le secret. Quiconque le découvrira sera déposé de
son office et restera à la merci de la commune.
3. Le maire et les 12 échevins se réuniront deux fois par
semaine pour les affaires de la cité et du château de Falaise
; et s'ils ont des hésitations dans une affaire, ils feront appel
au nombre qu'ils voudront des 12 conseillers, pour avoir leur avis dessus.
Les 12 conseillers se réuniront avec le maire et les échevins
chaque samedi ; et chaque quinzaine, le samedi, de même les cent
pairs.
4. Quiconque des personnes susdites n'est pas présent avec les
autres au jour dit, avant que prime ne soit chantée, sans réquisition,
s'il est échevin payera 5 sous. pour les affaires de la cité
de Rouen ou du château de Falaise, et le conseiller absent 3 s.,
et les pairs 2 s., sauf s'il a fait parvenir une note d'excuse la veille
au maire. Et si l'un d'eux s'en va sans permission du maire de rassemblée,
il paiera autant que s'il n'est pas venu à l'heure de prime. Si
le maire a besoin de l'un d'entre eux pendant un certain temps, si l'un
d'eux ne vient pas quand on le lui demande, il paiera ramende sauf s'il
produit des excuses valables.
5. Si l'un des 12 échevins veut s'en aller en Angleterre, dans
une région lointaine ou en pèlerinage, il obtiendra la permission
du maire et des autres échevins, quand ils seront réunis
le samedi, et ils éliront aussitôt en commun celui qui le
remplacera jusqu'à son retour.
6. Quand le maire et les échevins siègent en échevinage,
et quand le maire parle, si quelqu'un interrompt le maire ou trouble celui
dont le maire souhaite avoir l'avis, le maire lui ordonnera de se taire,
et si ensuite il trouble les idées de celui qui doit parler, il
paiera 12 d., s'il fait partie des jurés de la commune dont 8 seront
pour la cité de Rouen ou le château de Falaise, et 4 pour
les clercs et les sergents.
7. Si l'un des échevins, des conseillers et des autres pairs, les
jours dits, après s'être assis pour rendre justice, laisse
son siège sans permission du maire, pour raison de conseil, il
paiera 12 d., dont 8 seront pour la ville de Rouen et 4 aux clercs et
sergents.
8. Si le maire et les échevins siègent en échevinage
et que quelqu'un dise des injures à un autre en pleine audience,
il sera à la merci du maire et des échevins qui apprécieront
la gravité du délit et les conditions de récidive,
9. Si le maire viole les Établissements de la commune, sa condamnation
sera le double de celle qui frapperait un échevin, car il doit
donner l'exemple de l'observation du droit et de l'équité
et du maintien des Établissements.
10. Si quelqu'un retrouve quelque chose qui lui appartienne sur un voleur
ou un faussaire arrêté et convaincu à Rouen ou dans
le château de Falaise, et qu'il puisse prouver par loyal témoignage
de ses voisins qu'il est propriétaire de ce qu'il réclame,
il lui en sera fait restitution et le voleur ou le faussaire sera jugé
par la commune et mis au pilori pour que tous le voient et le connaissent,
et s'il doit subir la marque, qu'il soit marqué ; s'il a forfait
un membre ou plus, l'accusé et ses biens mobiliers seront livrés
aux gens de justice du roi pour qu'il en soit fait justice.
11. Si un juré de commune tue son cojuré, et s'il est ensuite
fugitif ou convaincu, sa maison sera abattue et s'il peut être pris,
il sera livré avec ses biens meubles à la justice du roi.
12. Si un juré estropie de quelque membre son cojuré, le
plaid et ramende appartiendront au roi, et raccusé lui-même
sera à la merci de la commune, parce que ce sera son cojuré
qu'il aura estropié.
13. Si quelqu'un a fait une sédition dans la ville de Rouen et
que 2 des 24 jurés l'aient vu ; accusé, il sera convaincu
par leur parole, les jurés étant crus sur leur simple parole,
parce qu'au commencement de leur échevinage ils ont juré
de dire la vérité sur ce qu'ils entendraient et verraient.
Si deux des autres partis l'ont vu, raccusé sera convaincu par
leur témoignage sous serment. Il sera à la merci du maire
et des échevins et amendera son crime à leur appréciation,
selon sa gravité et les conditions de récidive.
14. Si quelqu'un en injurie un autre dans la ville, soit dans une rue,
soit dans une maison, il sera convaincu par le témoignage sans
serment de 2 des 100 pairs, et amendera son injure à la merci du
maire et des échevins. selon la gravité du délit
et son habitude d'injurier. Si l'injurié n'a pas de témoins
parmi les pairs, l'affaire sera jugée suivant la loi de la terre.
15. Si quelqu'un a été mis au pilori, non pour vol, mais
pour infraction aux Établissements de la commune, et que quelqu'un
le lui reproche pour lui faire honte devant ses cojurés ou devant
d'autres hommes, celui-ci paiera 20 s., dont l'injurié aura 5 sous
et dont 15 seront attribués à la ville. Et si celui qui
a injurié ne veut ou ne peut payer les 20 s., il sera mis au pilori.
16. La femme convaincue d'être querelleuse ou médisante sera
attachée par une corde sous les aisselles et trois fois plongée
dans l'eau ; si un homme en fait le reproche, il paiera 10 s., si c'est
une femme, elle paiera 10 s. ou sera plongée dans l'eau.
17. Si quelqu'un qui ne fait pas partie de la commune forfait à
quelque juré de la commune, il sera sommé d'amender ce délit
; s'il refuse, il sera défendu aux jurés d'avoir avec lui
des relations, de vente, de prêt, d'achat, de logement, sauf en
cas de présence à Rouen ou à Falaise du roi ou de
son fils ou d'assise. Et si, dans ce cas, il refuse d'amender son délit,
la commune le dénoncera à la justice royale et aidera son
juré à poursuivre son droit. Si l'un des jurés contrevient
à cette interdiction, il sera à la merci du maire et des
échevins.
18. Si quelqu'un a déposé une plainte contre un homme coupable
envers lui d'un méfait et ensuite refuse qu'il lui soit fait droit
par jugement du maire et des échevins, il sera arrêté
et devra fournir gage et garants et jurer que pour ce méfait, il
ne fera pas le mal à celui dont il s'était plaint. Si dans
la suite, pour le même méfait, il lui fait quelque mal, il
sera jugé comme parjure.
19. Si l'un des jurés de la commune mis en merci pour un délit
commis par lui nous fait solliciter par quelqu'un, sauf le cas où
ce serait par ordre du roi, sa condamnation sera doublée, car nous
ne voulons pas encourir la malveillance des bourgeois puissants.
20. Si quelqu'un se prétend notre juré sans que nous en
soyons certain, il prouvera la vérité de son allégation
par le témoignage de deux jurés.
21. Si un clerc ou un chevalier, débiteur de quelqu'un de la cité
de Rouen ou du château de Falaise, décline la juridiction
du maire et des pairs, on fera défense à quiconque d'avoir
avec lui des relations de vente, d'achat ou de logement, sauf en cas de
présence à Rouen ou à Falaise du roi ou de son fils,
ou d'assise. Si quelqu'un contrevient à cette interdiction, il
paiera le créancier et sera à la merci du maire et de la
commune. Si le débiteur décline toute juridiction, la commune
aidera son juré à poursuivre son droit.
22. S'il y a contestation dans la commune en matière de dette,
de contrat ou de marché quelconque, elle sera terminée par
le témoignage et le record de deux des 24 jurés qui seront
crus sur leur seule parole, parce qu'ils ont prêté serment
au commencement de leur échevinage. Et si, lorsqu'ils auront achevé
leur année d'échevinage et qu'ils auront été
déposés, il y a contestation au sujet de la dette, de prêt
de contrat ou de quelque autre acte fait par devant eux, cette contestation
sera terminée par leur serment ; si un seul des 24 porte témoignage
avec un ou plusieurs des autres pairs, ce témoignage sous serment
terminera la contestation. S'il n 'y a aucun des 100 pairs pour témoins,
l'affaire sera jugée suivant la loi de la terre. Si l'action n'est
que de la valeur de 10 s. ou moins, le témoignage de pairs sans
serment suffira pour la terminer.
23. Si quelqu'un revendique une terre sur un autre, le demandeur devra
donner gage et caution pour poursuivre son action ; et si plus tard, après
reconnaissance faite, le demandeur est convaincu par là de fausse
action, il sera en merci du maire et des échevins de 59 s. angevins.
24. Si un justicier évoque la connaissance d'une affaire en matière
de terre, elle lui sera concédée ; mais s'il ne fait pas
droit au demandeur dans les 15 jours, sauf le cas d'excuse légitime
connue du maire et des échevins, la commune jugera.
25. Si un justicier évoque la connaissance d'une affaire en matière
de dette, elle lui sera octroyée, et il devra faire droit au plaignant
dans les 15 jours, sinon la commune jugera, à moins que celui qui
tient la cour n'ait excuse légitime connue du maire et des échevins.
26. Si quelqu'un a contracté vis-à-vis d'un autre une dette
qu'il ne puisse ou ne veuille acquitter, il sera donné sur ses
biens au créancier de quoi se désintéresser, si les
biens suffisent. Si le débiteur n'a pas de quoi payer, il sera
banni de la ville de Rouen ou du château de Falaise jusqu'à
ce qu'il donne satisfaction au maire et à son créancier.
Et s'il est rencontré dans la ville de Rouen ou le château
de Falaise avant d'avoir donné satisfaction, il sera détenu
dans la prison de la commune jusqu'à ce qu'il ait payé,
par lui-même ou par ses amis, 100 s. pour sa libération et
juré de ne plus rentrer dans la ville sans avoir auparavant donné
satisfaction au maire et à son créancier.
27. Si un étranger intente une action dans la commune au sujet
d'une créance qu'il a sur un juré, le seigneur du plaignant
en aura la connaissance s'il la revendique, mais s'il ne fait pas droit
au plaignant dans les 3 jours, la commune le retiendra.
28. Si la commune par ordre du roi ou de sa justice, doit se mettre en
route, le maire et les échevins pourvoiront à désigner
ceux qui devront rester pour garder la ville de Rouen. Celui qui, après
l'heure indiquée pour le départ, sera trouvé dans
la ville, sera convaincu par ceux qui sont restés à la garde
de la ville et sera à la merci du roi, et de plus à la merci
de la commune en ce qui touche la mise à bas de sa maison, ou pour
une amende de 100 s., dans le cas où il n'aurait pas de maison.
Si, lorsque la commune est en marche, quelqu'un s'en éloigne, pour
se loger ou pour une autre cause, sans permission du maire et sans excuse
personnelle, il en sera de même. |