Une adolescente dévoyée
Miroir de la vie humaine
Vincent de Beauvais, France, XVe siècle.
Paris, Arsenal, manuscrit 5080, fol. 358
© Bibliothèque nationale de France
Une jeune fille, dont le texte nous dit qu'elle a été placée jeune au bordel par sa mère, se tient sur le seuil du bordelage urbain, à disposition des jeunes hommes de la ville. Appelée dans le texte "commune fole femme" (il faut comprendre qu'il s'agit d'une prostituée - "folle" de son corps - de la ville), elle a les traits d'une "pucelle", précision du texte qui nous indique sa classe d'âge : une jeune fille.
Sa chevelure non recouverte d'un voile (ce qui n'était plus admissible à son âge) et nu-pieds (observer ses orteils visibles, qui indiquent au lecteur de l'image qu'elle est nue sous sa robe), elle se laisse caresser par un jeune homme qui l'enlace étroitement et glisse sa main dans son décolleté, ce publiquement et devant la porte (ouverte, comme il se doit) du bordel, une belle maison urbaine en pierres de taille : dans l'enluminure, une maison honnête garde sa porte fermée.
À tous ces menus détails, qui interdisaient au lecteur médiéval de confondre cette "fillette commune" avec une jeune fille sage avant même de lire le texte en français, on pouvait instantanément décoder comme licencieuse une scène qui nous apparaîtrait aujourd'hui relativement innocente.
 
 

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