D'Aguesseau sauve la France pendant la famine de 1709
Portraits des grands hommes, femmes illustres et sujets mémorables de France
Antoine Louis François Sergent (1751-1847), illustrateur, 1786-1792.
BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE EF-120 (B)-PET FOL
© Bibliothèque nationale de France
C’est sur fond de guerre de Succession d’Espagne que se produit la grande famine de 1709. Un hiver long et très rigoureux a gelé les semences et fait flamber le prix des céréales : celui du pain est multiplié par dix. Des émeutes se déclarent à Paris et dans les villes de province. On tente bien de réglementer le commerce des grains et de distribuer des vivres, mais la population, épuisée, est décimée par la maladie. Emmanuel Le Roy Ladurie estime que 1 800 000 personnes seraient mortes en 1709-1710, près de 8 % de la population de la France de l’époque : 600 000 personnes mortes de froid durant ce terrible hiver et 600 000 autres périrent de ses suites, malades et affamées.
Dans le malheur général, on attribua à Henri François d’Aguesseau (1668-1751) le salut, relatif, de la population. Il avait mesuré plus tôt que d’autres, à partir de la situation de ses terres de Fresnes, les premiers signes d’une disette des grains et en avait averti le contrôleur général Desmarets. À la tête d’une commission spécialisée, d’Aguesseau prit des mesures d’urgence en se préoccupant autant de la nourriture des pauvres que des conséquences sanitaires de la pénurie.