« Copie personnelle » de la Lettre 2
La Nouvelle Héloïse, quatrième partie, lettre 2 « Réponse de Mme d’Orbe à Mme de Wolmar »
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), auteur.
Manuscrit autographe dit « copie personnelle » (seconde rédaction). 2 vol.
Paris, Bibliothèque de l'Assemblée nationale, V 4981
© Bibliothèque de l'Assemblée Nationale
« Mon Dieu ! cousine, que ta lettre m’a donné du plaisir ! Charmante prêcheuse !... charmante en vérité, mais prêcheuse pourtant... pérorant à ravir. Des œuvres, peu de nouvelles. L'architecte athénien.... ce beau diseur.... tu sais bien.... dans ton vieux Plutarque.... Pompeuses descriptions, superbe temple !... Quand il a tout dit, l'autre revient ; un homme uni, l'air simple, grave et posé.... comme qui dirait ta cousine Claire.... D'une voix creuse, lente et même un peu nasale... Ce qu'il a dit, je le ferai. Il se tait, et les mains de battre. Adieu l'homme aux phrases. Mon enfant, nous sommes ces deux architectes ; le temple dont il s’agit est celui de l’amitié.
Résumons un peu les belles choses que tu m'as dites. Premièrement, que nous nous aimions, et puis, que je t'étais nécessaire ; et puis, que tu me l'étais aussi ; et puis, qu'étant libres de passer nos jours ensemble, il les y fallait passer. Et tu as trouvé tout cela toute seule! Sans mentir tu es une éloquente personne ! Oh bien ! que je t'apprenne à quoi je m'occupais de mon côté tandis que tu méditais cette sublime lettre. Après cela tu jugeras toi-même lequel vaut le mieux de ce que tu dis ou de ce que je fais. »
 
 

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