Début du texte
Histoire de ma vie
Giacomo Casanova (1725-1798), auteur, Dux, 1789-1798.
BnF, département des Manuscrits, NAF 28604 (1) fol. 13
© Bibliothèque nationale de France
Une religieuse enlevée, un poète, un aventurier exilé pour meurtre, un officier de l'armée espagnole… le destin de Casanova semble se lire dans l'étonnante généalogie qu'il offre en ouverture de ce premier chapitre.
Transcription du texte
Histoire de Jacques Casanova de Seingalt vénitien, écrite par lui-même à Dux, en Bohême
Necquicquam sapit qui sibi non sapit
[« C'est ne connaître rien que ne connaître pas pour son profit personnel. »]
Chapitre Ier
« L'an 1428 D. Jacobe Casanova né à Saragosse capitale de l'Aragon, fils naturel de D. Francisco enleva du couvent Da. Anna Palafox le lendemain du jour qu'elle avait fait ses vœux. Il était secrétaire du roi D. Alphonse. Il se sauva avec elle à Rome où, après une année de prison, le pape Martin III donna à D. Anna la dispense de ses vœux, et la bénédiction nuptiale à la recommandation de D. Jouan Casanova maître du sacré palais oncle de D. Jacobe. Tous les issus de ce mariage moururent en bas âge excepté D. Jouan qui épousa en 1475 Eléonore Albini dont il eut un fils nommé Marc-Antoine.
L'an 1481 D. Jouan dut quitter Rome pour avoir tué un officier du roi de Naples. Il se sauva à Como avec sa femme, et son fils ; puis il alla chercher fortune. Il mourut en voyage avec Christophe Colombo l'an 1493.
Marc-Antoine devint bon poète dans le goût de Martial, et fut secrétaire du cardinal Pompée Colonna. La satire contre Jules de Médicis, que nous lisons dans ses poésies, l'ayant obligé de quitter Rome, il retourna à Como, où il épousa Abondia Rezzonica.
Le même Jules de Médicis devenu pape Clément VII lui pardonna, et le fit retourner à Rome avec sa femme, où après qu'elle fut prise, et pillée par les impériaux l'an 1526, il mourut de la peste. Sans cela il serait mort de misère,car les soldats [de Charles V lui avaient pris tout ce qu'il possédait. Pierre Valérien parle assez de lui dans son livre de inf. litt.] » (Histoire de ma vie, I, p. 13-14)