Instruments et symboles alchimiques
Alchimie
Nicolas Flamel (1330 ?-1418), auteur.
BnF, département des Manuscrits, français 14765, folio 204
© Bibliothèque nationale de France
«... je m'étais engagé avec Mme d'Urfé à souper avec elle le premier jour de l'an 1762, dans un appartement qu'elle m'avait meublé rue du Bacq. Elle l'avait orné de superbes tapisseries que René de Savoie avait fait faire et sur lesquelles toutes les opérations du grand-œuvre étaient représentées. [...] Je passai dans ce joli logement trois semaines entières sans aller nulle part, afin de convaincre cette bonne dame que je n'étais retourné à Paris que pour m'acquitter de la parole que je lui avais donnée de la faire renaître homme.
Nous passâmes ces trois semaines à faire les préparatifs nécessaires à cette divine opération, et ces préparatifs consistaient à rendre un culte particulier à chacun des génies des sept planètes, aux jours qui leur sont consacrés. Après ces préparatifs, je devais aller prendre, dans un lieu qui devait m'être connu par l'inspiration des génies, une vierge, fille d'adepte, que je devais féconder d'un garçon par un moyen connu des seuls frères Rose-Croix. Ce fils devait naître vivant mais seulement avec une âme sensitive. Mme d'Urfé devait le recevoir dans ses bras à l'instant où il viendrait au monde, et le garder sept jours auprès d'elle dans son propre lit. Au bout de ces sept jours, elle devait mourir en tenant sa bouche collée à celle de l'enfant qui, par ce moyen, recevrait son âme intelligente. 
Après cette permutation, ce devait être à moi de soigner l'enfant avec le magistère qui m'était connu, et dès que l'enfant aurait atteint sa troisième année, Mme d'Urfé devait se reconnaître, et alors je devais commencer à l'initier dans la connaissance parfaite de la grande science. [...]
Cette sublime folle trouva que cette divine opération était d'une vérité évidente, et elle brûlait d'impatience de voir la vierge qui devait être son vase d'élection. J'avais espéré en faisant ainsi parler l'oracle, de lui inspirer quelque répugnance, puisqu'enfin il fallait qu'elle mourût ; et je comptais sur l'amour naturel de la vie pour traîner la chose en longueur. Mais ayant trouvé tout le contraire, je me voyais dans la nécessité de lui tenir parole, en apparence, et d'aller chercher la vierge mystérieuse. » (Histoire de ma vie, II, p. 719, puis 731-732.)

 Suite des aventures avec Mme d'Urfé
 
 

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