Gulliver exposé sur une table
Voyages de Gulliver, abrégé par Jules Rostaing
Jonathan Swift (1667-1745), auteur ; Jules Rostaing, éditeur scientifique ; Coppin, illustrateur ; Vve Magnin et Cie, éditeur, Paris, 1875.
Ville de Paris, fonds Heure joyeuse, 2013-33969
© Bibliothèque L'Heure joyeuse
Après avoir vécu chez les Lilliputiens, Gulliver échoue chez un peuple de géants, les Brodingnag. Il est traîné de table en table comme un monstre de foire : « Il se répandit alors dans tout le pays que mon maître avait trouvé dans les champs un petit animal environ de la grosseur d’un splacknock (animal de ce pays long d’environ six pieds), et de la même figure qu’une créature humaine ; qu’il imitait l’homme dans toutes ses actions, et semblait parler une petite espèce de langue qui lui était propre ; qu’il avait déjà appris plusieurs de leurs mots ; qu’il marchait droit sur les deux pieds, était doux et traitable, venait quand il était appelé, faisait tout ce qu’on lui ordonnait de faire, avait les membres délicats et un teint plus blanc et plus fin que celui de la fille d’un seigneur à l’âge de trois ans. Un laboureur voisin, intime ami de mon maître, lui rendit visite exprès pour examiner la vérité du bruit qui s’était répandu. On me fit venir aussitôt : on me mit sur une table, où je marchai comme on me l’ordonna. Je tirai mon sabre et le remis dans mon fourreau ; je fis la révérence à l’ami de mon maître ; je lui demandai, dans sa propre langue, comment il se portait, et lui dis qu’il était le bienvenu, le tout suivant les instructions de ma petite maîtresse. Cet homme, de qui le grand âge avait fort affaibli la vue, mit ses lunettes pour me regarder mieux ; sur quoi je ne pus m’empêcher d’éclater de rire. » (Voyages de Gulliver, Jonathan Swift, 1726)
 
 

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