Mme de Montpensier (1627-1693)
Lettres choisies de Madame de Sévigné ornées d'une galerie de portraits historiques dessinés par Staal
Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné (1626-1696), auteur ; Gustave Staal (1817-1882), illustrateur ; Garnier frères, éditeur, Paris, 1862.
BnF, département Littérature et art, Z-3316
© Bibliothèque nationale de France
Anne-Marie Louise d’Orléans est surnommée « La Grande Mademoiselle », son père, frère cadet de Louis XIII étant appelé « Le Grand Monsieur ». Pour se marier, elle doit demander l’autorisation au roi, et quoique convoitée pour son immense fortune, elle ne se marie pas jusqu’à ses 45 ans. Son mariage présumé avec M. de Lauzun est un grand événement : pour en retarder l’annonce à sa fille, Mme de Sévigné multiplie avec malice tournures langagières et fausses pistes. « Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu’à aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie ; enfin une chose dont on ne trouve qu’un exemple dans les siècles passés […] Je ne puis me résoudre à la dire, devinez-la, je vous le donne en trois ; jetez-vous votre langue aux chiens ? Hé bien ! Il faut donc vous la dire : M. de Lauzun épouse dimanche au Louvre, devinez qui ? Je vous le donne en quatre, je vous le donne en dix, je vous le donne en cent. […] il épouse, dimanche, au Louvre, avec la permission du roi, mademoiselle, mademoiselle de mademoiselle, devinez le nom ; il épouse Mademoiselle, ma foi ! Par ma foi ! Ma foi jurée ! Mademoiselle, la grande Mademoiselle... » (Lettre du 15 décembre 1670)