Monsieur Nicolas ou le cœur humain dévoilé
Nicolas Edmé Restif de la Bretonne (1734-1806), auteur, Paris, 1794-1797.
BnF, Réserve des livres rares, RES P-Y2-2369
© Bibliothèque nationale de France
Monsieur Nicolas, autobiographique avouée, est l’aboutissement d’une longue approche tâtonnante et masquée de l’expression du moi. Il semble bien que la publication de la première partie des Confessions de Rousseau en 1782 ait joué un rôle déclencheur essentiel. C’est en 1783 en effet que Rétif entreprend d’écrire Monsieur Nicolas, œuvre de « dévoilement » par ses fantasmes mêmes, regard complaisant et pathétique sur une destinée dominée par les femmes et les livres. La rédaction dure de 1783 à 1785 pour les huit premières « Époques », de 1791 à 1796 pour la neuvième (avec de nombreuses intermittences). L’ouvrage annexe de textes complémentaires (Mon Calendrier, 1790 ; Mes Ouvrages, 1785, puis 1796-1797 ; Ma Morale, Ma Religion, Ma Politique, 1796-1797) et renvoie sans cesse aux cinq actes du Drame de la vie : cette autobiographie est à tous égards une totalisation. Monsieur Nicolas fut « imprimé à la maison », sur la presse que Rétif avait installée chez lui, rue de la Bûcherie, en 1790. Impression lente, sporadique, mais tenace, en dépit de grandes difficultés matérielles. Elle fut achevée en septembre 1797. Dans un souci de plus grande expressivité, Rétif a usé de divers caractères : « La grosseur du caractère typographique, écrit-il, marque toujours l’importance donnée à l’héroïne de l’aventure ; comme dans Mon Calendrier, l’italique est toujours indicatif de l’immoralité d’état. » Typographie et orthographe (dont il souhaitait une réforme totale) sont la véritable signature de ce livre. Rétif avait prévu cent trente estampes pour accompagner son texte : il en a donné le sujet, mais, faute d’argent, rien ne fut jamais dessiné.
 
 

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