Paul s'adressant à Virginie
« Vois nos oiseaux élevés dans les mêmes nids, ils s'aiment comme nous »
Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814), auteur ; Pellerin, imprimeur, 1853.
Estampe
BnF, département des Estampes et de la Photographie, TB-MAT 1 (PAUL ET VIRGINIE)-BOITE FOL
© Bibliothèque nationale de France
Paul et Virginie, élevés dans le même nid comme frère et sœur, connaissent leurs premiers émois amoureux. Bernardin de Saint-Pierre décrit avec délicatesse l’éveil à la sensualité de Virginie et son combat pour préserver sa vertu. « Dans une de ces nuits ardentes, Virginie sentit redoubler tous les symptômes de son mal. Elle se levait, elle s’asseyait, elle se recouchait, et ne trouvait dans aucune attitude ni le sommeil ni le repos. Elle s’achemine, à la clarté de la lune, vers sa fontaine ; elle en aperçoit la source qui, malgré la sécheresse, coulait encore en filets d’argent sur les flancs bruns du rocher. Elle se plonge dans son bassin. D’abord la fraîcheur ranime ses sens, et mille souvenirs agréables se présentent à son esprit. Elle se rappelle que dans son enfance sa mère et Marguerite s’amusaient à la baigner avec Paul dans ce même lieu […] Elle entrevoit dans l’eau, sur ses bras nus et sur son sein, les reflets des deux palmiers plantés à la naissance de son frère et à la sienne, qui entrelaçaient au-dessus de sa tête leurs rameaux verts et leurs jeunes cocos. Elle pense à l’amitié de Paul, plus douce que les parfums, plus pure que l’eau des fontaines, plus forte que les palmiers unis ; et elle soupire. Elle songe à la nuit, à la solitude, et un feu dévorant la saisit. Aussitôt elle sort, effrayée de ces dangereux ombrages, et de ces eaux plus brûlantes que les soleils de la zone torride. Elle court auprès de sa mère chercher un appui contre elle-même. » (Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre)