Portrait de Danton
Manuscrit autographe
Jeanne-Marie Roland de la Platière (1754-1793), auteur.
BnF, NAF 4697 fol. 6
© Bibliothèque nationale de France
Dans ses Mémoires, rédigée en prison, Manon Roland, arrêtée comme Girondine le 31 mai 1793 et guillotinée le 8 novembre de la même année, dresse le portrait des révolutionnaires. Elle les a côtoyés mais aime à les peindre d’une manière dramatique empruntant au théâtre et à la mythologie. « Voyez-vous ce demi-Hercule dont les formes grossières sont plus rudes que prononcées : son amplitude annonce sa voracité ; l'audace sur le front, le rire de la débauche sur les lèvres, il adoucit vainement son œil hardi cavé sous des sourcils mobiles. La férocité de son visage dénonce celle de son cœur ; il emprunte inutilement de Bacchus une apparente bonhomie et la jovialité des festins ; l'emportement de ses discours, la violence de ses gestes, la brutalité de ses jurements le trahissent. Donnez-lui un poignard ; qu'il marche à la tête d'une horde d'assassins moins cruels que lui, auxquels il désigne ses victimes et dont il encourage les forfaits ; ou bien, gorgé d'or et de vin, laissez-lui faire le geste de Sardanapale : voilà Danton. Je défie l'artiste exercé qui voudrait peindre un homme dans ces deux situations de trouver un meilleur modèle. »