« Des nègres du royaume de Bénin »
Détail du globe terrestre
Vincenzo Maria Coronelli, 1681-1683.
BnF, Département des Cartes et plans, GE A 500 RES
© Bibliothèque nationale de France
François Le Large, garde du globe terrestre de Coronelli, se lança dans l'explication et l'analyse des figures inscrites par le peintre, et nottament des scènes ethniques figurant sur le globe. Ses commentaires ont un intérêt historique indéniable pour rendre compte de la représentation des diverses cultures dans l'imaginaire occidental de l'époque.
« Le royaume de Bénin est le plus beau et le plus grand qu'il y ait parmi les nègres. Les peuples en sont assez policés, et le roi est fort respecté de ses sujets et est fort absolu.
La ville de Bénin est quatre fois grande comme Paris. Elle a trente grandes rues fort droites, de vingt toises de largeur et plusieurs petites qui traversent d'une grande à l'autre. Toutes les maisons en sont bien bâties et d'une grande propreté et en cela elles sont fort différentes des maisons des autres nègres qui sont de la plus grande malpropreté du monde. Le commun du peuple porte pour tout habillement, tant les hommes que les femmes un tablier de toile de coton. Les femmes frisent leurs cheveux et les teignent, une moitié en rouge, et l'autre en noir. La noblesse porte jusqu'à quatre tabliers de soie de différentes grandeurs les uns sur les autres, ce qui fait le même effet qu'une jupe à falbala. Outre cela ils ont un manteau de la même étoffe et pour coiffure un turban fourré d'une peau de léopard ou de civette où pend une queue de cheval.
Les armes de ces peuples sont les piques, les assagayes, les arcs et les flèches empoisonnées. Ils se servent du bouclier et sont les meilleurs soldats qu'il y ait parmi les nègres. Le roi de Bénin est fort craint de ses voisins, il peut lever une armée de 80 000 hommes. »