« Des nègres du royaume d'Angola »
Détail du globe terrestre
Vincenzo Maria Coronelli, 1681-1684.
BnF, Département des Cartes et plans, GE A 500 RES
© Bibliothèque nationale de France
François Le Large, garde du globe terrestre de Coronelli, se lança dans l'explication et l'analyse des figures inscrites par le peintre, et nottament des scènes ethniques figurant sur le globe. Ses commentaires ont un intérêt historique indéniable pour rendre compte de la représentation des diverses cultures dans l'imaginaire occidental de l'époque.

« Le royaume d'Angola est un pays fort grand et bien peuplé, ses habitants sont assez policés et il y a parmi eux différents degrés. Ils étaient si paresseux qu'ils ne cultivaient point leurs terres autrefois ce que voyant, les Portugais qui sont les premiers Européens établis en ce pays, ils les ont contraint de s'appliquer au labourage. Ces peuples s'en trouvent fort bien car ils ne sont plus sujets à jeûner comme il leur arrivait fort souvent avant cela dans les années qui n'étaient pas favorables aux biens de la terre.
Les Portugais tiraient autrefois de ce pays 12 à 15 000 nègres par an qu'ils transportaient au Brésil pour travailler à leurs sucreries.
Le roi d'Angola peut lever en très peu de temps une armée de 100 000 hommes et même d'un million en cas de besoin, mais ces nègres sont si lâches, que 500 Portugais en mirent 1 200 000 en déroute, ce qui arriva l'an 1584. L'année suivante 600 000 de ces peuples furent défaits par 200 Portugais accompagnés de 10 000 nègres. Les armes des Angolais sont l'arc, les flèches et les assagayes qui sont une espèce de pique et depuis leur commerce avec les Portugais, ils ont appris à se servir de la hache et du sabre, mais ils ne sont pas encore accoutumés aux armes à feu.
Les personnes de qualité portent des manteaux de drap ou de serge fort longs et fort larges, une chemise blanche et une manière de jupe de satin ou de damas bordée par en bas et qu'ils attachent à leur ceinture. Ils ont des bonnets blancs faits de coton, leurs ceintures sont d'or ou d'argent et ils portent pour ornement des colliers de corail rouge. Le menu peuple porte pour tout habillement une manière de tablier d'étoffe légère, les uns d'une couleur, les autres d'une autre, et des bonnets de même étoffe. »
 
 

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