Cinis Cinerum (La cendre des cendres)
XVIIe siècle.
Manuscrit à peintures, 72 folios (16,9 x 10,9 cm)
BnF, Bibliothèque de l'Arsenal, MS 975, fol. 13, planche 3
© Bibliothèque nationale de France
« – Il y a aujourd'hui dix-huit ans, me dit-elle [Mme d'Urfé], que je me suis endormie seule à la même place où nous sommes. Pendant mon sommeil, le divin Orosmasis descendit du soleil et me tint compagnie jusqu'à mon réveil. En ouvrant les yeux, je le vis me quitter et remonter au ciel. Il me laissa enceinte d'une fille qu'il m'a enlevée il y a dix ans, sans doute pour me punir de ce qu'après lui je me suis oubliée un moment jusqu'à aimer un mortel. Ma divine Irasis lui ressemblait.
– Vous êtes bien sûre que M. d'Urfé n'était pas son père ?
– M. d'Urfé ne m'a plus connue depuis qu'il m'a vue couchée à côté du divin Anael.
– C'est le génie de Vénus. Louchait-il ?
– Extrêmement. Vous savez donc qu'il louche ?
– Je sais aussi que dans la crise amoureuse, il délouche.
– Je n'y ai pas fait attention. Il m'a aussi quittée à cause de la faute que j'ai commise avec un arabe.
– Il vous avait été envoyé par le Génie de Mercure ennemi d'Anael.
– Il le faut bien, et j'eus bien du malheur.
– Non, cette rencontre vous a rendue apte à la transformation. »

(Histoire de ma vie, II, p. 697-698.)
 
 

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