Chateaubriand a rédigé ses Mémoires pendant 45 ans, non sans interruptions, remaniements et réécritures, car il était un « maniaque de la retouche » (Berchet). Suite aux critiques suscitées par la publication de ses Œuvres complètes (1826-1831), Chateaubriand décide de refondre les Mémoires de ma vie, qui relevaient uniquement de l’autobiographie, pour écrire les Mémoires d’outre-tombe, mêlant autobiographie, histoire et épopée (mars 1831).
En 1834, Madame de Récamier, maîtresse de Chauteaubriand, organise des séances de lectures des Mémoires dans son salon pour un public choisi, dont fait partie notamment Saint-Beuve. Des articles paraissent dans la presse. Deux ans plus tard, une Société d’actionnaires achète les droits pour une publication posthume et s’engage à verser une rente annuelle de 12 000 francs à Chateaubriand. Si en décembre 1839, la rédaction est achevée, la conclusion générale ne date que du 25 septembre 1841. Mais, en 1844, la Société, sans l’accord de Chateaubriand, vend au journal de Girardin, La Presse, le droit de publier les Mémoires sous forme de feuilletons. Chateaubriand, mortifié, révise son manuscrit, le séquence, puis demande à Madame de Récamier d’organiser de nouvelles lectures en octobre et novembre 1845. Il cède aux corrections demandées par Madame de Récamier et le duc de Noailles et retient les critiques faites contre des acteurs de la monarchie de Juillet ou des personnes encore vivantes. Il reprend donc une énième fois son manuscrit et retranche des passages. Au total, ce sont 3 500 pages manuscrites et 12 volumes dans leur édition originale de 1849-1850.