Joute de tous les Prétendants au grand Prix du mât de Cocagne
Mondor, illustrateur, Paris, Ed. Lordereau.
Lithographie (28 x 18,3 cm)
BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE QB-370 (122)-FT4
© Bibliothèque nationale de France
Les monarques et empereurs partisans de l’Ancien Régime (Louis XVIII, Wellington, Frédéric-Guillaume III de Prusse, Alexandre Ier de Russie, François II d 'Autriche) s'opposent à Napoléon Ier. Leurs armées forment la coalition, qui parvient à gagner Paris le 31 mars 1814. Cette entrée dans la capitale marque le début de la première Restauration et du règne de Louis XVIII, règne interrompu par les Cents-Jours, c’est-à-dire le retour de Napoléon au pouvoir (20 mars-22 juin 1815). Cette caricature croque les alliés de la coalition grimpant au mât de cocagne, jeu de force et d'adresse ancestral très prisé dans les foires populaires de l'époque.
Dans ses Mémoires, Chateaubriand présente l’entrée de la coalition d’une manière contrastée. Certes, il est monarchiste et critique les campagnes militaires de Napoléon, mais il est saisi par le défilé des armées étrangères dans Paris.
« L’armée des alliés entra dans Paris le 31 mars 1814, à midi, à dix jours seulement de l’anniversaire de la mort du duc d’Enghien, 21 mars 1804. Était-ce la peine à Bonaparte d’avoir commis une action de si longue mémoire, pour un règne qui devait durer si peu ? L’empereur de Russie et le roi de Prusse étaient à la tête de leurs troupes. Je les vis défiler sur les boulevards. Stupéfait et anéanti au dedans de moi, comme si l’on m’arrachait mon nom de Français pour y substituer le numéro par lequel je devais désormais être connu dans les mines de la Sibérie, je sentais en même temps mon exaspération s’accroître contre l’homme dont la gloire nous avait réduits à cette honte. Toutefois cette première invasion des alliés est demeurée sans exemple dans les annales du monde : l’ordre, la paix et la modération régnèrent partout ; les boutiques se rouvrirent ; des soldats russes de la garde, hauts de six pieds, étaient pilotés à travers les rues par de petits polissons français qui se moquaient d’eux, comme des pantins et des masques du carnaval. Les vaincus pouvaient être pris pour les vainqueurs ; ceux-ci, tremblant de leurs succès, avaient l’air d’en demander excuse. La garde nationale occupait seule l’intérieur de Paris, à l’exception des hôtels où logeaient les rois et les princes étrangers. Le 31 mars 1814, des armées innombrables occupaient la France ; quelques mois après, toutes ces troupes repassèrent nos frontières, sans tirer un coup de fusil, sans verser une goutte de sang, depuis la rentrée des Bourbons. » (Mémoires d’outre-tombe, 3e partie, livre III)
 
 

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