Anonyme.
Paris, Bibliothèque de l’INHA (Institut National d’Histoire de l’Art), NUM EST 7836
Sainte-Beuve a assisté aux premières lectures privées des
Mémoires d’outre-tombe dans le salon de Madame de Récamier en 1834 et à nouveau en 1845.
« C’est surtout en lisant la première partie, si pleine d'intérêt, ces scènes d’intérieur, d'enfance et de première jeunesse, où les impressions, idéalisées sans doute, ne sont pas sophistiquées encore et sont restées sincères, c’est à ce début qu’on sent combien un récit plus simple, plus suivi, moins saccadé, portant avec soi les passages naturellement élevés et touchants, serait d’un grand charme. Mais bientôt une des deux choses vient barrer le plaisir : ou une imagination bizarre et sans goût, ou une énorme et puérile vanité. La vanité d’abord et surtout, inimaginable à ce degré dans un aussi noble esprit, une vanité d’enfant ou de sauvage ; une personnalité qui se pique d‘être désabusée et qui se fait centre de toute chose, que l’univers englouti n’assouvirait pas, que tout gêne, que Bonaparte surtout importune, qui se compare, chemin faisant, à tout ce qu’elle rencontre de grand pour s’y mesurer et s’y égaler ; qui se pose à tout moment cette question, qu’il faudrait laisser agiter aux autres : « Mes écrits de moins dans le siècle, qu’aurait-il été sans moi ? » » (Charles-Augustin Sainte-Beuve,
Causeries du lundi, Paris, Garnier frères, vol. 1, p. 449-450)
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> Les Causeries du lundi dans Gallica