Mme de Rênal
Le Rouge et le Noir - Chronique du XIXe siècle
Stendhal (1783-1842), auteur ; Jean-Paul Quint (1884-1953), illustrateur, Paris, Ed. G. Crès et Cie, 1922.
In-4°, 579 p., fig., couv. ill.
BnF, département Littérature et Art, 4-Y2-6744
© Bibliothèque nationale de France
Aux premiers beaux jours, les Rênal s’installent dans leur château, à Vergy. Monsieur de Rênal, en sa qualité de maire, passe l’essentiel de son temps à Verrières, pendant que Julien et Mme de Rênal goûtent les joies pures de la campagne.
« Cette vie active, occupée et gaie, était du goût de tout le monde, excepté de Mlle Élisa, qui se trouvait excédée de travail. Jamais dans le carnaval, disait-elle, quand il y a bal à Verrières, madame ne s’est donné tant de soins pour sa toilette ; elle change de robes deux ou trois fois par jour.
Comme notre intention est de ne flatter personne, nous ne nierons point que Mme de Rênal, qui avait une peau superbe, ne se fît arranger des robes qui laissaient les bras et la poitrine fort découverts. Elle était très bien faite, et cette manière de se mettre lui allait à ravir.
Jamais vous n’avez été si jeune, madame, lui disaient ses amis de Verrières qui venaient dîner à Vergy. (C’est une façon de parler du pays.)
Une chose singulière qui trouvera peu de croyance parmi nous, c’était sans intention directe que Mme de Rênal se livrait à tant de soins. Elle y trouvait du plaisir ; et, sans y songer autrement, tout le temps qu’elle ne passait pas à la chasse aux papillons avec les enfants et Julien, elle travaillait avec Élisa à bâtir des robes. Sa seule course à Verrières fut causée par l’envie d’acheter de nouvelles robes d’été qu’on venait d’apporter de Mulhouse. » (Le Rouge et le Noir, Chap. VIII, « Petits événements »)