La tour Farnèse
La Chartreuse de Parme
Stendhal (1783-1842), auteur ; Valentin Foulquier (1822-1896), graveur, Paris, Ed. L. Conquet, 1883.
2 vol. (XXIX-386, 432 p.) : fig. ; in-8
BnF, département Littérature et Art, 8-Y2-6544 (1)
© Bibliothèque nationale de France
Accusé du meurtre d’un saltimbanque, Fabrice finit par être arrêté par les ennemis politiques du comte Mosca, qui cherchent à instrumentaliser l’affaire pour obtenir un changement de gouvernement au sein de l’État de Parme.
« Comme nous l’avons dit, le jour de son emprisonnement, Fabrice fut conduit d’abord au palais du gouverneur. C’est un joli petit bâtiment construit dans le siècle dernier sur les dessins de Vanvitelli, qui le plaça à cent quatre-vingts pieds de haut, sur la plate-forme de l’immense tour ronde. Des fenêtres de ce petit palais, isolé sur le dos de l’énorme tour comme la bosse d’un chameau, Fabrice découvrait la campagne et les Alpes fort au loin […] La vue si étendue du joli palais du gouverneur est interceptée vers un angle au midi par la tour Farnèse dans laquelle on préparait à la hâte une chambre pour Fabrice. Cette seconde tour, comme le lecteur s’en souvient peut-être, fut élevée sur la plate-forme de la grosse tour, en l’honneur d’un prince héréditaire qui, fort différent de l’Hippolyte fils de Thésée, n’avait point repoussé les politesses d’une jeune belle-mère. La princesse mourut en quelques heures ; le fils du prince ne recouvra sa liberté que dix-sept ans plus tard en montant sur le trône à la mort de son père. Cette tour Farnèse où, après trois quarts d’heure, l’on fit monter Fabrice, fort laide à l’extérieur, est élevée d’une cinquantaine de pieds au-dessus de la plate-forme de la grosse tour et garnie d’une quantité de paratonnerres […] Ce ne fut qu’après avoir passé plus de deux heures à la fenêtre, admirant cet horizon qui parlait à son âme, et souvent aussi arrêtant sa vue sur le joli palais du gouverneur que Fabrice s’écria tout à coup : Mais ceci est-il une prison ? est-ce là ce que j’ai tant redouté ? »
(La Chartreuse de Parme, chapitre XVIII)