Naples - Villa Reale
XIXe siècle.
Peinture sur papier (gouache)
BnF, département des Estampes et de la Photographie, FOL-VB-132 (L, 1)
© Bibliothèque nationale de France
« La Villa-Réale fait face à l’hôtel de la Victoire ; c’est la promenade de Naples. Elle est située, relativement à la rue de Chiaja, comme le jardin des Tuileries à la rue de Rivoli. Seulement, au lieu de la terrasse du bord de l’eau, c’est la plage de l’Arno ; au lieu de la Seine, c’est la Méditerranée ; au lieu du quai d’Orsay, c’est l’étendue, c’est l’espace, c’est l’infini.
La Villa-Réale, est sans contredit la plus belle et surtout la plus aristocratique promenade du monde. Les gens du peuple, les paysans et les laquais en sont rigoureusement exclus et n’y peuvent mettre le pied qu’une fois l’an, le jour de la fête de la Madone du-Pied-de-la-Grotte. Aussi ce jour-là, la foule se presse-t-elle sous ses allées d’acacias, dans ses bosquets de myrtes, autour de son temple circulaire. Chacun, homme et femme, accourt de vingt lieues à la ronde avec son costume national ; Ischia, Caprée, Castellamare, Sorrente, Procida, envoient en députation leurs plus belles filles et la solennité de ce jour est si grande, si ardemment attendue qu’il est d’habitude de faire dans les contrats de mariage une obligation au mari de conduire sa femme à la promenade de la Villa-Réale, le 8 septembre de chaque année, le jour de la fête della Madona di pie-di -Grotta.
Tout au contraire des Tuileries, d’où l’on renvoie le public au moment où il est le plus agréable de se promener, la Villa-Réale reste ouverte toute la nuit. Les grandes grilles se ferment, il est vrai, mais deux petites portes dérobées offrent aux promeneurs attardés une entrée et une sortie toujours praticable à quelque heure que ce soit.
Nous restâmes jusqu’à minuit assis sur le mur que vient battre la vague. Nous ne pouvions nous lasser de regarder cette mer limpide et azurée que nous venions de sillonner en tous sens et à laquelle nous allions dire adieu. Jamais elle ne nous avait paru aussi belle. »

Alexandre Dumas, Le Corricolo, 1843
> Texte intégral dans Gallica : Paris, Boulé, 1846
 
 

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