Manuscrit des Illusions perdues
Honoré de Balzac (1799-1850), auteur.
Bibliothèque de l’Institut de France, Collection du vicomte Charles de Spoelberch de Lovenjoul. Cote Ms Lov. A 103-107
© Bibliothèque de l’Institut de France
Balzac a côtoyé le milieu de la presse, comme journaliste et comme auteur. Dans les Illusions perdues, Félicien Vernou incarne le journaliste cynique et désabusé, qui déclare au naïf Lucien de Rubempré : « Nous sommes des marchands de phrases, et nous vivons de notre commerce. » Les membres du Cénacle, cercle littéraire, politique et philosophique, avertissent Lucien, ce « grand homme de province à Paris », des dangers de se faire journaliste : « Le journalisme est un enfer, un abîme d’iniquités, de mensonges, de trahisons. » Pourtant, il se lance .
« Il arriva rue Saint-Fiacre auprès du boulevard Montmartre, devant la maison où se trouvaient les bureaux du petit journal et dont l’aspect lui fit éprouver les palpitations du jeune homme entrant dans un mauvais lieu. Néanmoins il monta dans les bureaux situés à l’entresol. Dans la première pièce, que divisait en deux parties égales une cloison moitié en planches et moitié grillagée jusqu’au plafond, il trouva un invalide manchot qui de son unique main tenait plusieurs rames de papier sur la tête et avait entre ses dents le livret voulu par l’administration du Timbre. Ce pauvre homme, dont la figure était d’un ton jaune et semée de bulbes rouges, ce qui lui valait le surnom de Coloquinte, lui montra derrière le grillage le Cerbère du journal. Ce personnage était un vieil officier décoré, le nez enveloppé de moustaches grises, un bonnet de soie noire sur la tête, et enseveli dans une ample redingote bleue comme une tortue sous sa carapace. »

Honoré de Balzac, Illusions perdues, 2e partie.
>Texte intégral dans Gallica : Furne, Paris, 1842-1848
 
 

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