Diogène : portrait-charge d’Émile de Girardin
5 octobre 1856, défet de presse
Étienne Carjat (1828-1906), dessinateur ; Alexandre Pothey (1820-1897), graveur, 1856.
39,4 × 26,7 cm
BnF, département des Estampes et de la Photographie, N2 (Girardin)
© Bibliothèque nationale de France
En fondant La Presse en 1836, Émile de Girardin (1806-1881) devient le créateur de la presse moderne. Perspicace, il imagine d’abord un journal à vaste lectorat en réduisant de moitié le prix de l’abonnement et en compensant ce manque à gagner par les recettes publicitaires. Suscitant la jalousie de ses confrères, il doit se battre en duel le 22 juillet 1836 avec le directeur du National, Armand Carrel, qui l’accuse de concurrence déloyale et qu’il tue. Girardin innove encore en lançant, en juillet 1836, le « feuilleton roman », rubrique de presse inédite, occupant le rez-de-chaussée du journal, destiné à tenir le lecteur en haleine de livraison en livraison : la presse et la littérature du siècle tout entier sont marquées par La Comtesse de Salisbury d’Alexandre Dumas, La Vieille Fille puis La Maison Nucingen d’Honoré de Balzac, « fournisseur » principal – parfois remplacé par George Sand ou Chateaubriand – du journal. Émile de Girardin fait également une longue carrière politique ; élu député à cinq reprises, il s’oppose à la censure, lutte pour les libertés individuelles et s’érige contre la paupérisation des classes ouvrières. Confronté à une baisse d’audience de La Presse, il lance encore La Liberté (1866), Le Moniteur universel ou La France (1872).