Discours pour la mort de Balzac, manuscrit autographe
Funérailles de l'Empereur. Mort de Balzac
Victor Hugo (1802-1885), auteur, 1850.
BnF, département des Manuscrits, NAF 13409, fol. 36
© Bibliothèque nationale de France
Balzac meurt le 18 août 1850. Son amitié indéfectible avec Victor Hugo datait de plus de vingt ans. Ils avaient tour à tour présidé la Société des gens de lettres ; Victor Hugo lui avait apporté son soutien contre l'interdiction de Vautrin ; Balzac, de son côté, avait renoncé à se présenter à l'Académie française en 1840 contre son ami, à propos duquel il écrivit : « M. Hugo est bien certainement le plus grand poète du XIXe siècle. » Victor Hugo lui rendit un pénétrant hommage, au cimetière, le jour de ses obsèques.
« M. de Balzac était un des premiers parmi les plus grands, un des plus hauts parmi les meilleurs. Ce n'est pas le lieu de dire ici tout ce qu'était cette splendide et souveraine intelligence. Tous ses livres ne forment qu'un livre, livre vivant, lumineux, profond, où l'on voit aller et venir et marcher et se mouvoir, avec je ne sais quoi d'effaré et de terrible mêlé au réel, toute notre civilisation contemporaine ; livre merveilleux que le poète a intitulé comédie et qu'il aurait pu intituler histoire, qui prend toutes les formes et tous les styles, qui dépasse Tacite et qui va jusqu'à Suétone, qui traverse Beaumarchais et qui va jusqu'à Rabelais ; livre qui est l'observation et qui est l'imagination ; qui prodigue le vrai, l'intime, le bourgeois, le trivial, le matériel, et qui par moment, à travers toutes les réalités brusquement et largement déchirées, laisse tout à coup entrevoir le plus sombre et le plus tragique idéal. »
 
 

> partager
 
 
 

 
> copier l'aperçu
 
 
> commander