Régnier, lithographe ; Joseph Bettannier, lithographe ; Morlon. lithographe ; Linder, peintre ; L. Turgis Jeune, éditeur.
Eugène de Rastignac entre dans le monde grâce à sa cousine, Mme de Beauséant. Elle l'incite à faire de Mme de Nucingen son amante et lui livre un tableau pour le moins cynique de la haute société parisienne.
« La belle madame de Nucingen sera pour vous une enseigne. Soyez l’homme qu’elle distingue, les femmes raffoleront de vous. Ses rivales, ses amies, ses meilleures amies voudront vous enlever à elle. Il y a des femmes qui aiment l’homme déjà choisi par une autre, comme il y a de pauvres bourgeoises qui, en prenant nos chapeaux, espèrent avoir nos manières. Vous aurez des succès. À Paris, le succès est tout, c’est la clef du pouvoir. Si les femmes vous trouvent de l’esprit, du talent, les hommes le croiront, si vous ne les détrompez pas. Vous pourrez alors tout vouloir, vous aurez le pied partout. Vous saurez alors ce qu’est le monde, une réunion de dupes et de fripons. Ne soyez ni parmi les uns ni parmi les autres. Je vous donne mon nom comme un fil d’Ariane pour entrer dans ce labyrinthe. Ne le compromettez pas, dit-elle en recourbant son cou et jetant un regard de reine à l’étudiant, rendez-le-moi blanc. Allez, laissez-moi. Nous autres femmes, nous avons aussi nos batailles à livrer. »
C'est l'amant de Mme de Beauséant, le marquis d'Ajuda, qui présentera Mme de Nucingen à Rastignac, un soir, au théâtre des Italiens.
Honoré de Balzac,
Le Père Goriot, 1834.
>Texte intégral dans Gallica : Furne, Paris, 1842-1848