Jules-Joseph Lefebvre (1836–1912), peintre, 1878.
© Catharine Lorillard Wolfe Collection, Bequest of Catharine Lorillard Wolfe, 1887
Dans
Graziella (1849), Lamartine raconte, en le sublimant, un amour de jeunesse pour une Napolitaine, fille de pêcheur. Jeune homme oisif, il avait été envoyé, en juillet 1811, faire le tour d'Italie, comme il était d'usage dans les bonnes familles. Après Florence et Rome, il s'installe cinq mois à Naples puis rentre en France en avril 1812. Il évoque également l'Italie dans ses poèmes (« Ischia »,
Nouvelles Méditations poétiques) et dans son
Cours familier de littérature.
« Graziella jouait de la guitare, et Beppino, faisant rebondir ses doigts d'enfant sur le petit tambour qui avait servi autrefois à l'endormir dans son berceau, accompagnait sa sœur. Bien que les instruments fussent gais et que les attitudes fussent celles de la joie, les airs étaient tristes, les notes lentes et rares allaient profondément pincer les fibres endormies du cœur […] Même quand la jeune fille, sollicitée par nous, se levait modestement pour danser la tarentelle aux sons du tambourin frappé par son frère, et qu'emportée par le mouvement tourbillonnant de cette danse nationale, elle tournoyait sur elle-même, les bras gracieusement élevés, imitant avec ses doigts le claquement des castagnettes et précipitant les pas de ses pieds nus, comme des gouttes de pluie sur la terrasse ; oui, même alors, il y avait dans l'air, dans les attitudes, dans la frénésie même de ce délire en action, quelque chose de sérieux et de triste, comme si toute joie n'eût été qu'une démence passagère, et comme si, pour saisir un éclair de bonheur, la jeunesse et la beauté même avaient besoin de s'étourdir jusqu'au vertige et de s'enivrer de mouvement jusqu'à la folie ! »
Lamartine,
Graziella
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